Bombardier Transport (T.BBD.B) se montre réticente vis-à-vis de l'accord de libre-échange avec l'Union européenne.

«Il faut qu'un projet de libre-échange, quel qu'il soit, soit équilibré, qu'il soit réciproque, a déclaré à un groupe de journalistes le président de Bombardier Transport, André Navarri, après avoir prononcé un discours devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Si ce n'est pas réciproque, quelqu'un perd.»

À l'heure actuelle, Bombardier Transport est particulièrement bien positionnée en Europe, avec des installations dans une vingtaine de pays. Elle peut ainsi faire valoir cette présence locale lorsqu'il s'agit de répondre à un marché public.

«Ce qui fait la différence avec les autres constructeurs, c'est que nous sommes un bon citoyen dans chacun de ces pays, a soutenu M. Navarri hier. Nous fabriquons, nous avons des ingénieurs.»

Le gouvernement canadien négocie présentement une entente de libre-échange avec l'Union européenne, l'Accord économique et commercial global Canada-Europe (AECG). Cette entente élargirait notamment l'accès aux marchés publics de l'Union européenne, d'une valeur de 2,4 billions de dollars.

«Je ne suis pas en faveur du protectionnisme en soi, mais il faut faire attention à avoir toutes les données de l'équation», a déclaré M. Navarri.

Le Buy America Act

Il a rappelé comment le Buy America Act avait empêché les entreprises canadiennes de participer à des marchés publics aux États-Unis.

«Si les contrats de libre-échange permettent aux fabricants installés aux États-Unis de venir vendre au Canada alors que nous, si on veut vendre aux États-Unis et qu'on se heurte au Buy America, quel est l'intérêt du libre-échange? Il faut faire attention.»

Il a fait valoir que c'était justement le Buy America qui rendait difficile la situation de l'usine de Bombardier Transport à La Pocatière. Cette politique a souvent pour effet de forcer l'entreprise à assembler aux États-Unis les voitures de métro et de train de banlieue destinées à ce pays.

L'usine de La Pocatière

Lundi, les syndiqués de l'usine de La Pocatière ont exprimé leur inquiétude au sujet de l'avenir de leur usine. Alors qu'elle a déjà employé un millier de personnes, l'usine ne compte présentement que 550 employés, et ce, même avec l'obtention du contrat pour l'assemblage des voitures du métro de Montréal. Les syndiqués ont déploré le fait que Bombardier fasse effectuer certains travaux de sous-traitance à l'extérieur.

«Je voudrais dire aux employés de La Pocatière que s'il y a une entreprise qui s'est battue pour l'avenir de l'usine, c'est Bombardier, a lancé M. Navarri hier. Vous vous souvenez de la saga du métro de Montréal. Nous avons démontré notre engagement pour l'avenir de La Pocatière.»

Il a fait valoir que Bombardier avait également décidé d'installer à Saint-Bruno son nouveau centre de design et de conception pour l'Amérique du Nord, une initiative qui entraînera l'embauche d'une centaine d'ingénieurs au cours de l'année.

Optimisme pour San Francisco

Par ailleurs, M. Navarri s'est montré optimiste au sujet de l'assemblage des voitures du métro de San Francisco, un projet de 1,5 milliard US. Après analyse, le Bay Area Rapid Transit a jeté son dévolu sur Bombardier plutôt que sur ses concurrents, la société française Alstom et la société coréenne Rotem, un choix que le conseil d'administration pourrait entériner cette semaine. Les voitures seraient cependant assemblées aux États-Unis.

M. Navarri s'est également montré confiant au sujet des projets ferroviaires en Europe, en dépit des changements de gouvernement dans certains pays.

«Il y a un consensus politique en général, quels que soient les partis politiques, au sujet de l'importance de donner de l'infrastructure de qualité aux membres de leurs communautés, a-t-il déclaré. Il y a un très fort soutien à l'industrie ferroviaire.»