Bombardier Transport a inauguré en grande pompe vendredi sa nouvelle usine de construction de véhicules monorail qui livrera 378 wagons au nouveau système de transport monorail de la ville de São Paulo. L'usine réalisera également les mandats de construction pour l'ensemble de l'Amérique du Sud.

Une inauguration en grande pompe parce que le PDG de Bombardier, André Navarri, était accompagné pour l'événement de Geraldo Alkim, gouverneur de l'État de São Paulo, Jurandir Frenandez, secrétaire d'État aux Transports de São Paulo, du premier ministre Jean Charest et du ministre québécois du Développement économique, Sam Hamad.

D'autres personnalités brésiliennes et de nombreux employés de la nouvelle usine qui en comptera 250 étaient sur place pour célébrer l'événement à Hortolândia, municipalité située à une heure et demie de route de la capitale São Paulo.

Une nouvelle génération

Bombardier a construit en un temps record de 18 mois ses nouvelles installations où l'on construira le nouveau système de transport Innovia Monorail 300. Cette nouvelle génération de véhicules monorail a le grand avantage d'offrir une capacité de transport égale à celle d'un métro, mais en réduisant de 50% la facture et le calendrier de réalisation du projet.

D'ici quatre ans, Bombardier et ses partenaires brésiliens auront terminé le réseau de 24 kilomètres et ses 17 stations. Capable de transporter 48 000 passagers à l'heure, ce nouveau monorail est plus performant que le métro, selon le PDG de Bombardier Transport, André Navarri.

«Un métro peut transporter en moyenne 300 000 passagers par jour, alors que notre système pourra déplacer jusqu'à 500 000 usagers par jour», a expliqué André Navarri à La Presse.

Le premier ministre Jean Charest a salué, au cours de son discours, le grand bond de modernité qu'a fait le Brésil en 20 ans seulement. «La dernière fois que je suis venu au Brésil, c'était au premier Sommet de la Terre en 1992. Le pays a connu depuis une croissance prodigieuse», a souligné Jean Charest.

Retombées à Saint-Jean

En plus des 250 personnes qui travailleront à l'usine de véhicules monorail, le projet entraînera la création de 500 postes additionnels dans les 15 entreprises sous-traitantes qui ont été choisies dans la région.

Les travaux d'ingénierie du projet, qui ont été réalisés dans les bureaux de Bombardier à Saint-Bruno, Kingston et Pittsburgh, ont nécessité quelque 60 000 heures de travail.

Les retombées pour le Québec ne se limitent pas à ces seuls travaux de conception puisque la firme FDC Composites de Saint-Jean-sur-Richelieu a obtenu le mandat de fabriquer des pièces composites très techniques qui seront à l'intérieur des véhicules tout juste au-dessus des pneumatiques.

«Ce sont des pièces en matériau plastique composite qui résistent au feu et aux explosions. On a travaillé sur le prototype avec les gens de Saint-Bruno et on va installer quatre pièces dans chacun des 378 véhicules», explique Jacques Cabana, PDG et propriétaire de cette PME innovante de la Montérégie.

Ce contrat de Bombardier - le premier obtenu par FDC Composites - va permettre l'embauche de 15 à 20 nouveaux travailleurs dans la PME.

«C'est un contrat qui vient à point. Avant, on était exclusivement dans le secteur aéronautique et la crise de 2008-2009 a été très dure. Maintenant, le rail et les éoliennes vont compter chacun pour 25% de notre production», explique Jacques Cabana.

La mission brésilienne du jeune entrepreneur a été bénéfique. Il a pu rencontrer les autorités de Bombardier Brésil qui lui ont déjà promis un nouveau contrat pour la construction d'un prochain système de véhicules monorail au Brésil.

Qui plus est, Jacques Cabana a pu s'entretenir vendredi avec le PDG de Bombardier Transport, André Navarri, qui était très heureux d'apprendre qu'une entreprise québécoise faisait partie du projet.

«Il m'a souligné que nos composantes étaient en fait les pièces les plus techniques des nouveaux véhicules monorail. C'était sympathique de rencontrer le grand patron de Bombardier Transport», explique entrepreneur, radieux.

Une bouée de sauvetage

Chose certaine, la mise en service graduelle et prochaine du nouveau monorail aura le mérite d'alléger la circulation infernale de São Paulo.

La ville de São Paulo - qui compte 11 millions d'habitants et plus de 20 millions lorsqu'on ajoute les banlieues immédiates - s'étend sur un immense territoire, bardé de routes et d'autoroutes qui sont continuellement surencombrées.

Par comparaison, Mexico, Moscou, Bombay ou Pékin ont des systèmes de transport routier urbain fluide. Un trajet qui prend 10 minutes à 1 h dans la nuit, prend au moins de 40 à 60 minutes dans le jour.

À telle enseigne que São Paulo dispose de la deuxième flotte d'hélicoptère en importance, après New York. Tous les riches hommes ou femmes d'affaires de la ville ont leur hélico.

«Je pense même qu'il y a plus d'hélicoptères à São Paulo qu'à New York où j'ai vécu», observe Louis Hamman, délégué général du Québec qui vit à São Paulo depuis l'été 2010.

«Chaque soir, vers 18 h, je les vois partout dans le ciel au-dessus de nos bureaux. Il y a même des embouteillages d'hélicoptères. Le projet de monorail va vraiment faire du bien à la ville qui en a bien besoin», souligne le premier délégué du Québec à avoir été nommé au Brésil.

São Paulo compterait 7 millions de véhicules, soit 40% du parc automobile brésilien. L'État et la Ville se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et il faudra bien prendre les mesures pour y arriver.

«Dans son discours aujourd'hui, le gouverneur de l'État de São Paulo a fait la longue liste des prolongements du réseau de métro qui vont être mis en oeuvre parallèlement à l'implantation du monorail. Mais c'est le monorail de Bombardier qui est la pièce centrale du plan de transport de la ville.

«Les gens ne peuvent plus passer trois ou quatre heures par jour dans leur voiture. La qualité de vie devient insupportable. Il est temps de bien desservir tous les quartiers de cette belle ville», souhaite, visiblement de tout coeur, Louis Hamman et les 20 millions de résidents la zone métropolitaine de São Paulo.