Air Canada se dégage de toute responsabilité dans la fermeture sauvage d'Aveos. Pour le transporteur aérien, qui ne s'est toujours pas exprimé publiquement depuis la faillite de son sous-traitant, Aveos est la seule à blâmer, révèle un courrier interne obtenu par La Presse.

«À mon avis, la direction d'Aveos n'a pas fait preuve de compassion ni de respect envers son personnel», écrit Alan Butterfield, vice-président, Maintenance et ingénierie, d'Air Canada, en guise d'introduction dans une lettre envoyée vendredi soir à ses employés.

En mettant la clé sous la porte, Aveos n'a pas non plus «agi dans l'intérêt de ses employés, de ses clients et des autres parties intéressées», peut-on lire.

Mauvaise gestion

Selon le transporteur aérien, qui répond à plusieurs questions dans cette lettre, Aveos aurait pu éviter la fermeture. «Nous croyons [que la direction d'Aveos] a échoué à maintes reprises dans ses efforts visant à attirer de nouveaux clients et ainsi diversifier et accroître ses sources de rentrée», peut-on lire.

Aveos n'était pas concurrentielle et a cumulé les pertes d'exploitation depuis sa création, dans la foulée de la restructuration d'Air Canada.

Air Canada était le principal client d'Aveos, et l'a aidée à plusieurs reprises, explique le message, notamment en proposant un financement de 15 millions de dollars. Une aide refusée, mais qui aurait évité le naufrage, croit Air Canada.

Mur de la honte

Depuis la liquidation d'Aveos, Air Canada est montrée du doigt tant par les travailleurs - qui, dans leur écrasante majorité, étaient des employés d'Air Canada jusqu'en juillet dernier - que par les politiciens qui les appuient.

Selon des sources syndicales, le torchon brûlait depuis plusieurs années entre Air Canada et Aveos. La direction d'Air Canada avait même classé Aveos sur un wall of shame affiché dans ses bureaux de Toronto.

Mais, dans ce courrier interne, Air Canada se défend d'avoir volontairement nui à Aveos: des contrats liaient les deux entreprises jusqu'en 2018.

Des réparations d'appareils d'Air Canada étaient prévues jusqu'à la fin de l'année 2012, a constaté La Presse, qui a obtenu copie de cette planification interne.

Air Canada s'engage à continuer d'exploiter ses centres de maintenance à Montréal, Toronto, Vancouver et ailleurs, comme le prévoit la «loi Air Canada» de 1988.

«Air Canada se conforme en tous points à la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada», soutient le transporteur, qui affirme aussi vouloir continuer à le faire.

Ce n'est pas l'avis du syndicat, et des partis de l'opposition à Ottawa. Québec, de son côté, envisage de prendre des recours contre le transporteur.

Pas de reprise

Air Canada ferme la porte à une éventuelle reprise des activités d'Aveos.

«Aveos est une entreprise distincte et indépendante. Air Canada n'a pas l'intention de l'acheter ou de prendre en charge son exploitation», lit-on.

Quant aux 2300 employés de maintenance d'Aveos qui viennent de perdre leur emploi, ils ont peu de chances de se faire rembaucher par Air Canada.

«Nous examinons actuellement nos exigences à court terme et à long terme en matière de maintenance en ligne. S'il nous faut embaucher du personnel pour répondre aux besoins de l'entreprise, nous le ferons certainement», écrit M. Butterfield.