Cela fait près de 12 ans que Marc Garneau n'a pas mis le pied (façon de parler) dans l'espace. Cela fait plus de six ans qu'il a laissé le poste de président de l'Agence spatiale canadienne pour se consacrer à ses tâches de député de Westmount-Ville-Marie. Il continue toutefois à se préoccuper du sort de l'agence, basée à Saint-Hubert. Et il craint l'annonce de compressions dans le budget Flaherty.

Le gouvernement conservateur a demandé à tous les ministères de présenter un scénario de compression de cinq et de 10 pour cent.

«L'agence a fait ses devoirs et a été obligée de présenter ses scénarios, a indiqué M. Garneau. Ça ne veut pas dire que ces coupures vont se réaliser, ce sera au gouvernement de décider de ses priorités. Mais s'il y a des coupures, des gens perdront leur emploi, des projets seront mis de côté.»

Certains de ces projets ne font pas les manchettes, mais contribuent à la vitalité de l'industrie spatiale canadienne. Il a donné l'exemple de contrats accordés à de petites entreprises pour de l'équpipement spatial.

«Ces fonds permettent de développement des technologies spatiales, a déclaré M. Garneau. Si ces projets sont coupés, de petites entreprises vont se retrouver en difficultés.»

Déjà, le budget de l'agence spatiale est engagé dans une pente descendante qui devrait se poursuivre au cours des deux prochaines années. Ce budget, qui a atteint un sommet de 424,6 millions de dollars pour l'exercice 2011-2012, devrait descendre à 371,1 millions en 2012-2013, puis à 317,5 millons l'année suivante. Cette diminution est due au fait que des budgets liés à des projets spéciaux s'épuisent.

Depuis 1999, le budget de base de l'agence spatiale est fixé à 300 millions, auxquels peuvent s'ajouter des montants liés à des projets spéciaux. Le gouvernement a ainsi alloué à l'agence, en 2005, un montant additionnel de 111 millions sur cinq ans pour le démarrage de la constellation RADARSAT. En 2009, dans le cadre de son Plan d'action écononomique, le gouvernement a attribué un montant de 110 millions sur trois ans pour le développement de prototypes terrestres de véhicules spatiaux. En 2010, le gouvernement a alloué un montant de 397 millions sur cinq ans pour le développement de la constellation RADARSAT. Toutefois, le Conseil du Trésor n'a autorisé jusqu'ici qu'une tranche de 96,2 millions.

L'analyste Nikhil Thadani, de la Financière Banque Nationale, estime qu'une diminution du budget de l'agence spatiale pourrait avoir des impacts négatifs pour MacDonald Detwiller and Associations (MDA).

«Le gouvernement fédéral représente environ 30% des revenus de MDA, et l'Agence spatiale canadien représente environ la moitié de ce montant», a-t-il fait valoir.

Le gouvernement fédéral a récemment fait savoir qu'il renouvelait l'engagement du Canada envers la Station spatiale internationale, ce qui pourrait nécessiter des fonds additionnels.

«J'espère que le gouvernement sera assez sensé pour reconnaître qu'il serait indésirable de couper le budget de l'agence spatiale, a-t-il déclaré Marc Garneau. Mais j'admets que j'ai un parti pris pour elle.»