Bombardier (T.BBD.B) donne un coup de pouce à l'avionneur chinois COMAC dans l'espoir de récolter en retour des ventes d'appareils CSeries dans le pays le plus populeux du monde.

Mercredi à Shanghai, le président et chef de la direction de la multinationale montréalaise, Pierre Beaudoin, a signé avec son homologue de COMAC, Jin Zhuanglong, une «entente définitive» concernant le développement de la CSeries et du C919, la gamme d'avions de 168 à 190 sièges du constructeur chinois.

L'entente prévoit que les postes de pilotage et les circuits électriques des appareils CSeries et C919 seront très semblables. Bombardier et COMAC veulent aussi développer conjointement les spécifications des alliages aluminium-lithium et les publications techniques des deux gammes d'avions. Pour ce faire, des équipes d'employés des deux entreprises travailleront dans les mêmes bureaux. La collaboration doit durer un an.

«Notre compréhension est que le C919 utilisera plusieurs composants de la CSeries et que le développement de la CSeries ne sera pas touché par l'entente», a écrit dans une note l'analyste Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins. Le premier vol d'un appareil CSeries doit avoir lieu d'ici la fin de l'année. Il faudra toutefois attendre 2014 pour que le C919 prenne les airs.

L'analyste Fadi Chamoun, de BMO Marchés des capitaux, a souligné dans une note que sur le plan technique, Bombardier apportera une plus grande contribution à COMAC que l'inverse. «Nous croyons que Bombardier fait cela pour obtenir un plus grand accès au marché chinois, ce qui est positif», a-t-il écrit.

La présence d'un cockpit similaire dans la CSeries et le C919 se traduira par des économies en matière de formation pour les compagnies aériennes qui exploiteront les deux appareils. Bombardier espère ainsi vendre des CSeries aux neuf transporteurs chinois qui ont déjà commandé des C919 et aux autres qui feront de même au cours des prochains mois.

M. Beaudoin a d'ailleurs confié mercredi à Bloomberg Television qu'il s'attendait à décrocher «bientôt» une commande d'appareils CSeries auprès d'une compagnie chinoise.

Bombardier a reçu jusqu'ici des commandes pour 138 avions CSeries alors que COMAC a obtenu des commandes pour 175 appareils C919.

«Nous prévoyons que le partenariat Bombardier-COMAC donnera à Bombardier plus de puissance de feu dans sa bataille contre Boeing et Airbus», a affirmé M. Poirier.

Dans un communiqué, M. Jin a estimé que l'entente de collaboration «saura certainement contribuer à rehausser non seulement la compétitivité des programmes d'avions C919 et CSeries, mais aussi celle des activités globales de COMAC et de Bombardier».

Selon Pierre Beaudoin, l'entente permettra de «maximiser les économies de coûts» et d'accroître les parts de marché de Bombardier et de COMAC.

Les deux constructeurs ont par ailleurs convenu d'«explorer d'autres possibilités de coopération» en matière d'approvisionnement conjoint, de «synergies de développement» et de service à la clientèle. Les entreprises pourraient également collaborer ensemble sur d'autres programmes d'avions. Bombardier produit la famille de jets régionaux CRJ alors que COMAC développe actuellement un avion concurrent dans ce créneau, l'ARJ21.

La conclusion de l'entente de collaboration survient un an après la signature d'une entente cadre entre Bombardier et COMAC.

Rappelons également qu'au début du mois, COMAC a conclu avec Boeing une entente afin de favoriser «la croissance de l'industrie de l'aviation commerciale en Chine». Dans le cadre du pacte, les deux constructeurs mettront sur pied, à Pékin, un «centre technologique de conservation de l'énergie et de réduction des émissions» et certains de leurs dirigeants se rencontreront une fois par année pour mettre en commun leurs prévisions de ventes dans le secteur des avions commerciaux.

À la Bourse de Toronto, l'action de Bombardier a gagné 3,2 pour cent mercredi pour clôturer à 4,18 $.