Aveos a confirmé mardi après-midi la cessation totale de ses activités, annonçant la suppression d'«approximativement 1300 [emplois] au Canada».

Mais selon le syndicat, c'est bien 2400 emplois à Montréal (1800 mécaniciens plus les employés non syndiqués) qui viennent de disparaître avec la liquidation totale d'Aveos.

«C'est officiel, tous les emplois d'Aveos sont supprimés», déplore Jean Poirier, vice-président de la section 1751 de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatial (AIMTA).

Malgré tout, l'espoir des ex-salariés de cette société de maintenance d'avions se résume à une revendication: qu'Air Canada, le principal client d'Aveos, les embauche à nouveau. Bon nombre d'entre eux travaillaient pour Air Canada jusqu'à tout récemment, mais ils ont été contraints de changer d'employeur quand le transporteur aérien s'est départi de ses activités de maintenance.

«Une grosse mascarade», dénonce M. Poirier.

Depuis dimanche, la consternation a succédé au choc chez les 2400 employés d'Aveos. Priés de ne pas rentrer au travail lundi matin, ils ont vu leur employeur se placer sous la protection de la loi sur les arrangements avec les créanciers dès le lendemain.

Aveos attribue des pertes de revenus de 16 millions $ à la désaffection depuis deux mois d'Air Canada. «Ce fut un choc dévastateur», peut-on lire dans le communiqué posté sur le site d'Aveos hier après-midi.

Québec n'exclut pas de prendre des recours juridiques contre Air Canada, a dit hier le ministre du Développement économique Sam Hamad.

Avenir incertain

Les employés d'Aveos se posent bien des questions, mais ont peu de réponses.

«On ne sait pas quand on va être payés pour les 16 semaines de préavis et notre 4%», soupire Daniel Lépine, coordinateur du programme d'aide aux employés.

Depuis dimanche, la vie de Nathalie Boyd est en suspens. Cette mécanicienne, embauchée depuis 24 ans par Air Canada puis Aveos, est mère de deux jeunes enfants. Son conjoint travaille aussi pour Aveos, comme le reste de sa famille.

«J'ai peur pour l'avenir, dit-elle. Ça fait des semaines que j'essaie de me réinventer, mais je n'ai aucune ouverture.»

Mobilisation

La mobilisation des employés ne s'essoufle pas. Ils étaient quelques centaines mardi matin, à manifester boulevard de la Côte-Vertu, devant les bureaux d'Air Canada. L'escouade anti-émeute a dû être appelée en renfort pour permettre aux employés de la compagnie aérienne d'entrer dans leurs bureaux. Air Canada a obtenu au cours de la matinée une injonction pour disperser la foule.

La police a arrêté un homme d'une trentaine d'années, mais soutient ne pas avoir utilisé de poivre, contrairement à ce qu'affirment des syndiqués.

«On a été poivrés et poussés avec la matraque, explique Lyne Ste-Marie, une syndiquée. Tout ce que tu veux, c'est nourrir tes enfants, puis tu te fais pousser pour laisser passer ceux qui empochent des millions!»

Les syndiqués seront mercredi matin à l'Assemblée nationale, à Québec. Ils demanderont ensuite des comptes à Ottawa, qui refuse d'intervenir alors qu'Air Canada outrepasse ses droits, selon eux.

Air Canada n'a pas rappelé La Presse.