L'industrie du transport aérien va connaître une année 2012 pleine de turbulences, du fait de la hausse du prix du pétrole, qui pourrait se traduire par des faillites pour certaines compagnies aériennes, selon l'IATA (Association internationale du transport aérien).

Au cours d'une conférence de presse mardi sur les prévisions de l'année 2012, l'IATA a indiqué que le secteur s'attend désormais à des profits de trois milliards USD, soit 500 millions de moins que ce qui était prévu en décembre dernier.

La marge de rentabilité des compagnies aériennes devrait se limiter à 0,5%.

Pour expliquer cette révision à la baisse, l'IATA base ses nouvelles prévisions sur un prix moyen du baril de 115 dollars, alors que les prévisions du mois de décembre se basaient sur un prix moyen de 99 dollars le baril.

En 2011, les bénéfices du secteur devraient s'élever à 7,9 milliards USD, selon les dernières prévisions, en attendant les chiffres définitifs.

La demande des passagers devrait en 2012 continuer à croître de 4,2%, alors que le fret stagnera à son bas niveau atteint au dernier trimestre de 2011.

«L'année 2012 représentera encore un défi pour les compagnies aériennes. Le risque d'une aggravation de la crise dans la zone euro a été remplacé par un risque tout aussi sérieux, des prix du pétrole à la hausse», a affirmé mardi lors d'une conférence de presse à Genève le directeur général de l'IATA Tony Tyler.

«Avec des projections de croissance mondiale pour l'année de 2% et une marge anémique de 0,5%, il ne faudra pas beaucoup pour pousser l'industrie aérienne dans le rouge en 2012», a-t-il ajouté.

La hausse du prix du pétrole va faire augmenter de 34% les coûts de fonctionnement des compagnies et la facture pétrolière devrait s'élever pour toute l'année à 213 milliards de dollars, selon l'IATA.

Les tensions politiques dans la région du Golfe accroissent le risque de voir les prix pétroliers augmenter davantage. Elles auraient pour conséquence de faire plonger les compagnies aériennes dans le rouge, a mis en garde l'IATA qui regroupe 240 compagnies aériennes (84% du trafic aérien).

Si le prix du baril atteignait les 150 dollars, notamment en raison d'une fermeture du détroit d'Ormuz et d'une aggravation des tensions avec l'Iran, des compagnies pourraient faire faillite, a prévenu l'IATA. Les pertes totales des compagnies aériennes pourraient alors atteindre les cinq milliards de dollars.

L'organisation souligne en même temps que plusieurs facteurs positifs pourraient éclaircir cet horizon, comme une absence de détérioration supplémentaire dans la zone euro, l'amélioration de l'économie américaine, la stabilisation du trafic du fret et une expansion moins grande que prévue des capacités des compagnies.

Les compagnies aériennes en Europe sont dans la plus mauvaise posture, selon Tony Tyler. Leurs pertes devraient atteindre 600 millions de dollars. Plusieurs pays européens sont en récession, a relevé l'IATA, même si un effondrement de la zone euro est évité.

Pour l'Amérique du Nord, l'IATA prévoit des bénéfices de 900 millions, en baisse par rapport à la prévision précédente de 1,7 milliard, en raison de la hausse des prix du kérosène. En Amérique latine, la situation demeure incertaine.

L'Asie-Pacifique est la région la mieux lotie avec des bénéfices évalués à 2,3 milliards de dollars.

Les perspectives sont également bonnes pour les compagnies du Moyen-Orient, avec 500 millions de profits, alors que les compagnies africaines subiront des pertes de 100 millions, a précisé l'IATA.