Ottawa n'a eu d'autres choix que d'intervenir dans le conflit à Air Canada parce qu'un arrêt de travail chez le plus important transporteur aérien du pays en pleine période de relâche scolaire aurait pu porter un dur coup à l'économie canadienne, a soutenu vendredi le premier ministre Stephen Harper.

Le gouvernement pourrait déposer un projet de loi pour empêcher un arrêt de travail chez le transporteur aérien dès mardi. Il a déposé un avis dans ce sens à la Chambre des communes.

De passage à l'aéroport Billy-Bishop à Toronto, M. Harper a affirmé que la situation d'Air Canada était «différente».

Le transporteur aérien est de loin le plus important au pays, et une interruption de ses activités aurait des conséquences considérables «non seulement sur les services aériens offerts aux Canadiens, mais aussi sur l'ensemble du système de transport et possiblement sur l'économie», a plaidé le premier ministre.

Les deux parties doivent trouver une façon de régler leurs différends, mais cela doit se faire sans répercussions pour la population canadienne, a-t-il déclaré.

La ministre fédérale du Travail, Lisa Raitt, avait livré la veille un message semblable lorsqu'elle s'était interposée entre le transporteur et deux de ses syndicats.

La ministre Raitt a transmis jeudi le litige au Conseil canadien des relations industrielles, qui évaluera les impacts d'un arrêt de travail sur la santé et la sécurité des Canadiens. Elle avait eu recours à cette même stratégie pour empêcher un arrêt de travail des agents de bord du même transporteur aérien.

Son intervention est survenue alors qu'Air Canada menaçait de décréter un lock-out dès lundi pour ses pilotes, tandis que le syndicat des mécaniciens, bagagistes et agents de fret menaçaient quant à eux de déclencher une grève le même jour.

Le transfert du litige à l'organisme fédéral a pour effet d'empêcher le déclenchement d'une grève ou d'un lock-out tant et aussi longtemps que le dossier y est examiné.

Des voix se sont élevées pour protester contre cette stratégie, arguant que le gouvernement conservateur - qui avait forcé le retour au travail des agents du service à la clientèle d'Air Canada l'an dernier en adoptant une loi spéciale -, pourrait faire déraper tout le système des relations de travail au pays.

Le premier ministre a soutenu vendredi qu'une partie de lui-même refusait d'intervenir dans le conflit, mais qu'il était crucial que le transporteur maintienne ses vols, à plus forte raison pendant la relâche scolaire de la semaine prochaine.

Pendant le ralentissement économique au pays, M. Harper avait rencontré des représentants d'Air Canada qui lui avaient fait part de leurs craintes concernant la santé financière du transporteur. Ils avaient demandé l'aide du gouvernement en plaidant les dangers que représenterait une fermeture d'Air Canada pour l'économie nationale.

«Ce serait bien le comble si nous les laissions aujourd'hui mettre la clé sous la porte sans rien faire», a lancé le premier ministre vendredi.

M. Harper s'est défendu de favoriser l'une ou l'autre des parties, mais a soutenu qu'il était de son devoir de protéger l'intérêt des Canadiens, et qu'à son avis, la population s'attend à ce qu'Ottawa agisse dans ce dossier.

Jeudi, Air Canada [[|ticker sym='T.AC.B'|]] a menacé de mettre en lock-out ses pilotes dès lundi, suite à leur rejet de la dernière offre de l'employeur. L'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale, qui représentent les mécaniciens, bagagistes et agents de fret, avait de son côté fixé à lundi le déclenchement d'une grève.

Ces deux syndicats sont les derniers à négocier leur convention collective depuis la restructuration d'Air Canada, qui avait été menée sous la protection de la cour il y a près de dix ans.

Les employés d'Air Canada ont depuis tenté de récupérer les salaires et les concessions qu'ils avaient acceptés pour aider la compagnie à se restructurer entre avril 2003 et septembre 2004.