Bombardier (T.BBD.B) a déçu analystes financiers et investisseurs, jeudi, en annonçant des prévisions de rentabilité inférieures aux attentes pour sa division aéronautique.

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En début d'après-midi, l'action de la multinationale montréalaise chutait de plus de 10% pour s'échanger à 4,27$, à la Bourse de Toronto. Pas moins de 23 millions d'actions avaient changé de mains.

En 2013, Bombardier Aéronautique prévoit réaliser une marge d'exploitation de 5% alors que plusieurs analystes tablaient sur 6,5%, voire 7%. L'avionneur a aussi mis au rancart sa cible à long terme de 10%.

«Chaque changement d'un point de pourcentage dans la marge a un impact de quatre cents sur le bénéfice par action», a relevé l'analyste Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, dans une note.

À l'instar d'autres analystes, M. Poirier soupçonne toutefois que l'entreprise se montre conservatrice et qu'elle se garde une marge de manoeuvre qui pourrait lui permettre de dépasser les cinq pour cent. En 2011, la marge d'exploitation de Bombardier Aéronautique a atteint 5,8% alors que l'objectif était de 5%.

Au cours d'une téléconférence, le président et chef de la direction de Bombardier, Pierre Beaudoin, a expliqué que la rentabilité de la division aéronautique allait pâtir de la force du dollar canadien, des coûts associés aux régimes de retraite déficitaires et de la baisse de la production dans le secteur des avions régionaux. Il a dit s'attendre à ce que la situation se redresse graduellement à partir de juillet.

M. Beaudoin a exclu, du moins pour 2012, une nouvelle réduction des cadences de production des jets régionaux CRJ, qui sont construits à Mirabel, et des avions turbopropulsés Q400, assemblés à Toronto. Il faut dire qu'une diminution des cadences vient d'entrer en vigueur.

De plus, après une année 2011 fort tranquille, 2012 a plutôt bien commencé sur le plan des commandes d'avions régionaux. Depuis le début janvier, Bombardier a reçu des commandes fermes pour 13 appareils, contre à peine 20 pendant l'ensemble de l'année 2011.

Bombardier Aéronautique prévoit générer suffisamment de flux de trésorerie en 2012 pour financer la plus grande partie des investissements de quelque 2 milliards de dollars US prévus pendant l'année afin de développer l'avion d'affaires Learjet 85 et la nouvelle famille d'avions commerciaux CSeries. En 2011, l'avionneur a investi 1,3 milliard, ce qui a fait sombrer ses flux de trésorerie dans le rouge.

Interrogé par un analyste, Pierre Beaudoin n'a pas voulu dire si les investissements de Bombardier dans la CSeries dépassaient les prévisions initiales, se bornant à dire que les dépenses encourues jusqu'ici ne mettaient pas en péril les analyses de rentabilité.

Lors du lancement de la CSeries, en 2008, Bombardier avait évoqué un coût total de 2,6 milliards de dollars US pour le projet, somme qui devait être partagée entre le constructeur, ses fournisseurs et les gouvernements. Or, en date du 31 décembre, Bombardier avait déjà investi 1,36 milliard dans l'outillage destiné à la CSeries.

Avec des commandes fermes pour 138 appareils CSeries, l'avionneur a devant lui deux ans et demi de production. Le vol inaugural du premier avion d'essais CSeries doit toujours avoir lieu d'ici la fin de l'année pour une entrée en service en 2013.

En 2012, Bombardier prévoit livrer environ 180 jets d'affaires et 55 avions commerciaux, ce qui est conforme aux attentes des analystes.

Résultats

Au quatrième trimestre, terminé le 31 décembre, les profits nets de Bombardier ont atteint 214 millions de dollars US (12 cents US par action), en baisse de 27,5% par rapport aux 295 millions (16 cents US par action) dégagés pendant la période correspondante de l'exercice précédent.

La baisse s'explique principalement par le changement de la date de fin d'exercice de l'entreprise, qui est passée du 31 janvier au 31 décembre. Le quatrième trimestre de 2011 comportait trois mois de résultats de la division ferroviaire, Bombardier Transport, dont l'exercice se terminait déjà le 31 décembre, mais seulement deux mois de résultats de Bombardier Aéronautique.

Les revenus consolidés de Bombardier ont atteint 4,3 milliards au quatrième trimestre, en baisse de 22,7%.

Pour l'ensemble de l'année 2011, le bénéfice net s'est élevé à 837 millions (47 cents US par action), en hausse de huit pour cent par rapport aux 775 millions (42 cents US par action) engrangés entre le 1er février 2010 et le 31 janvier 2011.

Les revenus annuels se sont chiffrés à 18,4 milliards, en hausse de 2,5%.

Chez Bombardier Transport, le bénéfice d'exploitation pour le trimestre s'est établi à 166 millions, en baisse de 19% par rapport aux 205 millions enregistrés pendant la période correspondant il y a un an. En raison notamment du ralentissement des activités, les revenus ont reculé de 7,8% pour s'élever à 2,3 milliards.

Pour l'ensemble de l'exercice, Bombardier Transport a affiché un bénéfice d'exploitation de 700 millions, en hausse de 7,5% par rapport aux 651 millions dégagés un an plus tôt. Les revenus ont progressé de 7,4% pour atteindre 9,8 milliards. La marge d'exploitation a été de 7,2%, identique à celle de l'année précédente.

Le carnet de commandes de Bombardier Transport se chiffrait à 31,9 milliards au 31 décembre, contre 33 milliards à la fin octobre.

Chez Bombardier Aéronautique, le carnet de commandes totalisait 22 milliards, contre 22,3 milliards deux mois plus tôt.

On a par ailleurs appris jeudi que Janine Bombardier, administratrice de l'entreprise depuis 1984, quittera le conseil d'administration le 10 mai, jour de l'assemblée annuelle des actionnaires. L'aînée des filles de Joseph-Armand Bombardier sera alors nommée «administratrice honoraire» de la multinationale.

Quatre autres membres de la famille sont membres du conseil de Bombardier: Laurent Beaudoin, Pierre Beaudoin, André Bombardier et Jean-Louis Fontaine.