WestJet (T.WJA) décidera au début du mois de février si elle établira une nouvelle ligne aérienne régionale en 2013, dotée d'une flotte de 40 turbopropulseurs. Bombardier (T.BBD.B) est déjà en discussion avec WestJet dans l'espoir de remporter cette commande majeure.

Ce n'est pas la première fois que la direction de WestJet évoque l'idée d'une filiale court-courrier régionale, mais, cette fois-ci, l'entreprise a publié un communiqué de presse pour faire savoir qu'elle entreprenait une discussion à ce sujet avec ses employés.

«Un des piliers de notre succès est d'engager la conversation avec nos employés tôt dans le processus décisionnel et je suis persuadé que nos employés apprécieront les mérites stratégiques de cette initiative», a déclaré le président et chef de la direction de WestJet, Gregg Saretsky, dans ce communiqué.

Il a affirmé qu'une ligne régionale permettra à WestJet de desservir de plus petites communautés, d'optimiser la capacité de ses appareils, d'établir des liaisons entre des marchés qu'elle dessert déjà et de générer du trafic additionnel sur son réseau actuel.

Air Canada n'a pas voulu commenter l'arrivée possible d'un nouveau transporteur régional au pays. Air Canada n'a pas de filiale régionale, mais elle fait affaire avec un partenaire commercial, Jazz, qui exploite des liaisons régionales sous la bannière d'Air Canada Express.

De son côté, le président de Porter Airlines, Robert Deluce, s'est montré confiant devant cette concurrence potentielle.

Dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires, il a notamment fait valoir que Porter n'avait pas souffert de l'arrivée d'Air Canada à l'aéroport de l'île de Toronto.

«Notre nombre de passagers sur la liaison Toronto-Montréal a augmenté de façon substantielle, a-t-il lancé. Nous avons réalisé que nos clients sont loyaux.»

Il a ajouté que c'était souvent Porter elle-même qui avait apporté plus de concurrence sur un marché.

«Nous venons de lancer une nouvelle liaison sur Timmins et, déjà, les tarifs sont moins élevés, grâce à notre arrivée», a-t-il soutenu.

L'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, affirme que la création d'une filiale régionale constitue une évolution naturelle pour WestJet. Selon lui, il s'agit également d'une nécessité pour la société aérienne si elle veut accaparer une part de marché égale à celle d'Air Canada.

Il note que plusieurs communautés ne sont desservies que par Air Canada et ses partenaires régionaux.

«Les tarifs en vigueur pour plusieurs de ces liaisons sont présentement très élevés, écrit-il dans un rapport d'analyse. WestJet a donc l'occasion de rehausser ses parts de marché tout en générant des revenus additionnels pour couvrir les coûts que représente l'ajout d'un deuxième type d'appareils.»

À l'heure actuelle, WestJet n'exploite qu'un seul type d'appareil: le Boeing 737. Avec un minimum de 119 places, cet appareil est trop gros pour desservir de plus petites communautés.

M. Doerksen note que M. Saretsky a de l'expérience dans la gestion d'une flotte comprenant des biréacteurs et des turbopropulseurs. Le grand patron de WestJet a occupé un poste de dirigeant au sein d'Alaska Airlines, transporteur qui exploite des 737 pour ses liaisons principales et des turbopropulseurs Q400 au sein de sa filiale régionale Horizon Air.

Il n'existe que deux types d'appareils régionaux turbopropulsés sur le marché, le Q400 et les appareils de la société européenne ATR.

«Le Q400 est supérieur, a soutenu le porte-parole de Bombardier Avions commerciaux, Marc Duchesne. Il est plus moderne, plus rapide.»

L'analyste Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, croit que WestJet choisira le Q400 justement parce que sa vitesse lui permet de mieux desservir les communautés canadiennes, souvent plus éloignées que celles que l'on trouve en Europe, par exemple.

Comme le carnet de commandes pour le Q400 est moins garni, Bombardier serait en mesure de livrer des appareils plus rapidement à WestJet, ajoute l'analyste.

Le titre de WestJet a perdu 14 cents pour clôturer à 11,66$ à la Bourse de Toronto hier, alors que l'action de catégorie B de Bombardier a perdu 5 cents pour clôturer à 4,36$.