Profondément déçue par un tramway sur pneu fabriqué par Bombardier [[|ticker sym='T.BBD"B'|]], l'agglomération de Caen, en France, a résolu de s'en débarrasser, 20 ans avant la fin de sa vie utile.

Viacités, le syndicat mixte qui gère les transports en commun de Caen, étudiera la possibilité de poursuivre la société qui entretient le tramway, la STVR, coentreprise composée de Bombardier et de Spie. La STVR a déjà dû verser 1,5 million d'euros (2 millions de dollars) en pénalités depuis la mise en service du tramway, en 2002.

Bombardier n'a pas voulu commenter spécifiquement cette nouvelle.

«Nous n'avons pas été avisés officiellement d'un changement de la part des autorités locales», a déclaré le porte-parole de Bombardier Transport, Marc André Lefebvre.

Le président de Viacités, Éric Vève, a présenté la semaine dernière un «plan global de mobilité» pour les 20 à 30 prochaines années.

Les 24 rames du tramway sur roue de Caen devaient être en service jusqu'en 2032. Or, ce système connaît trois pannes par jour, ce qui est un taux 32 fois supérieur à l'objectif. Cette piètre performance entraîne des coûts de maintenance additionnels de 1 million d'euros par année (1,35 million de dollars). Viacités dénombre entre 20 et 80 évacuations de rames par mois. Le service est tellement insatisfaisant que la fréquentation a diminué et que les usagers affirment être plus satisfaits des autobus que du tramway.

«Le projet global de mobilité implique le remplacement anticipé du TVR par un matériel plus fiable, plus performant et plus capacitaire», fait savoir Viacités dans un document rendu disponible sur son site internet.

Viacités demandera au tribunal administratif de Caen la désignation d'un expert pour recenser l'ensemble des pannes du système de tramway sur pneu et pour se prononcer sur la durée de vie qu'on pouvait attendre de ce système et sur le niveau de responsabilité de la STVR.

«Ainsi, des résultats de cette expertise ainsi que des études techniques, économiques et financières découleront les conséquences indemnitaires, indique le syndicat mixte. Viacités examinera alors la possibilité d'une action en responsabilité contractuelle à l'encontre de la STVR.»

Bombardier a fourni des tramways sur roue à une seule autre ville, Nancy, également en France. Or, le système de Nancy connaît également de sérieux ratés. Après avoir fabriqué une cinquantaine de rames, Bombardier a mis fin à leur production.

«Nous avons déployé tous les efforts nécessaires pour développer ce véhicule pour les deux villes, a affirmé M. Lefebvre. Ça répondait à des contraintes assez spécifiques: il y avait des virages prononcés et des côtes prononcées. C'est parce que ça répondait à des besoins particuliers que nous avons cessé la production.»

Il a indiqué que ces problèmes ne devraient pas avoir d'effet dramatique sur la réputation de Bombardier en Europe.

«Bombardier est le numéro un mondial pour les tramways sur rail», a-t-il fait valoir.

Caen veut justement remplacer son tramway sur pneu par un tramway sur rail. Les nouvelles rames devraient entrer en service d'ici la fin de 2018.

M. Lefebvre a indiqué que Bombardier pourrait participer à cet appel d'offres.

«Nous avons la technologie pour répondre à tous les besoins de tramway, a-t-il déclaré. Nous évaluons chacun des projets selon son mérite.»

Par ailleurs, un problème de fiabilité touche également du matériel roulant construit par Bombardier aux États-Unis, forçant le retrait de 40 voitures du métro de Chicago.

Le mois dernier, des inspecteurs ont détecté des défectuosités dans une pièce de métal située près des roues des voitures à l'usine de Bombardier Transport à Plattsburgh, dans le nord de l'État de New York.

Il ne s'agit que d'«imperfections mineures», a assuré hier Maryanne Roberts, porte-parole de Bombardier Transport aux États-Unis.