Malgré un carnet de commandes encore mince dans l'aviation régionale et la possibilité d'un délai dans le développement de la CSeries, les analystes s'attendent à ce que Bombardier (T.BBD.B) divulgue demain des résultats plutôt positifs pour le troisième trimestre.

Certains, comme Turan Quettawala, de Scotia Capital, et Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, estiment d'ailleurs que le titre de l'entreprise est présentement sous-évalué.

Les analystes s'attendent à des revenus de 4,5 milliards US pour le troisième trimestre de l'exercice 2011-2012, comparativement à 4,0 milliards US pour la même période de l'exercice précédent. Ils prévoient un bénéfice net ajusté de 9 cents US par action, comparativement à 8 cents US pour le troisième trimestre de l'exercice précédent.

Les analystes s'attendent aussi à ce que le développement de la CSeries, la nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places de Bombardier, connaisse un délai. Toutefois, ils ne pensent pas que la direction de Bombardier fera une annonce à ce sujet lors de la divulgation des résultats du troisième trimestre.

«Nous croyons que le risque de retard dans le programme de CSeries a augmenté considérablement et que les investisseurs ne devraient pas être surpris s'ils obtiennent cette confirmation en 2012», écrit Tim James, de TD Securities, dans un rapport d'analyse.

Selon Cameron Doerksen, un retard de six mois n'aurait pas de conséquences trop significatives pour un programme qui devrait durer au moins une vingtaine d'années.

«Un retard d'un an serait évidemment plus sérieux, mais pas nécessairement dévastateur», ajoute-t-il, soulignant que le Boeing 787 a connu un retard de plus de trois ans sans impact majeur sur son carnet de commandes.

Si certains analystes croient que le fournisseur chinois de la CSeries, Shenyang Aircraft Corporation (SAC), pourrait occasionner des délais, M. Doerksen regarde plutôt du côté de la société italienne Alenia, qui fabriquera le stabilisateur horizontal et le stabilisateur vertical de l'appareil. Alenia a connu quelques difficultés avec le même genre de pièce qu'elle fabriquait pour le Boeing 787.

M. Doerksen s'interroge également au sujet du système de commandes de vol électriques qui sera fourni par l'entreprise américaine Parker Aerospace. Un système semblable de Parker a causé un délai d'un an au programme de Legacy 450 d'Embraer.

Dans leur rapport, les analystes se penchent également sur la rareté des commandes du côté de l'aviation régionale.

Depuis le début de l'année, Bombardier n'a reçu que quatre commandes pour des biréacteurs régionaux CRJ et six commandes pour des turbopropulseurs Q400. Par comparaison, son concurrent brésilien Embraer a reçu 121 commandes pour des biréacteurs régionaux et son concurrent européen ATR a reçu 148 commandes pour des turbopropulseurs.

L'analyste Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, explique que Bombardier a tardé à pénétrer dans les marchés émergents, qui ont justement constitué le gros des commandes de ses concurrents. M. Poirier ajoute que les vols régionaux à l'extérieur des États-Unis sont en général plus courts, et donc mieux servis par l'ATR, étant donné ses coûts d'exploitation peu élevés.

«Enfin, nous suspectons que Bombardier demeure disciplinée en ce qui concerne les prix de ses appareils», écrit-il.

Il s'attend toutefois à ce que la situation s'améliore dans les trimestres à venir.

Les choses vont mieux du côté de l'aviation d'affaires. Tim James, de TD Securities, ne serait pas surpris de voir une très forte hausse des livraisons d'avions d'affaires pendant le troisième trimestre.

Les analystes notent que les commandes ont été relativement peu importantes du côté de Bombardier Transport au troisième trimestre, mais selon M. Doerksen, la situation n'est pas trop préoccupante.

«Le carnet de commandes était à 33,9 milliards US à la fin du deuxième trimestre, soit l'équivalent de trois années de production, écrit-il. En outre, nous voyons un solide pipeline de nouveaux contrats au cours des deux prochaines années.»

L'action de catégorie B de Bombardier a perdu 12 cents pour clôturer à 3,69$ hier à la Bourse de Toronto, soit une baisse de près de 3,2%.