L'usine de Pratt & Whitney à Mirabel est toujours dans la course pour la fabrication du moteur qui équipera la nouvelle version de l'A320, le Neo.

«Nous n'avons pas encore pris la décision, nous avons encore du temps pour décider, a déclaré aux journalistes le président et chef de la direction d'United Technologies Corporation (UTC), Louis Chênevert, de passage à Montréal pour participer à la réunion annuelle des membres du Conseil consultatif international de HEC Montréal. Naturellement, le site de Mirabel sera considéré comme un des sites potentiels.»

UTC est la société mère de Pratt & Whitney.

La toute nouvelle usine de Pratt & Whitney, de Mirabel, fabriquera le moteur de la CSeries, une turbo-soufflante à réducteur qui, selon Pratt, devrait permettre aux exploitants de réaliser des économies substantielles de carburant. Le nouveau moteur qui équipera l'A320 Neo, de la société européenne Airbus, est également une turbosoufflante à réducteur.

Depuis son lancement, il y a près d'un an, le Neo a connu un très grand succès et les commandes ont afflué.

«Nous sommes très enthousiastes, nous avons déjà 2000 moteurs de vendus, a lancé M. Chênevert. Il y a beaucoup d'intérêt pour cette technologie.»

Il a fait savoir que le développement de la turbosoufflante à réducteur se déroulait comme prévu et qu'il respectait les échéanciers fixés, notamment pour la CSeries.

Le nouvel appareil de Bombardier devrait entrer en service à la fin de 2013. La direction de l'entreprise a toutefois fait savoir qu'elle avait épuisé la marge de sécurité qu'elle avait prévue dans le développement de la CSeries et que tout nouveau pépin majeur pourrait entraîner un délai dans l'entrée en service.

Plusieurs analystes craignent un tel délai. L'un d'eux, Richard Aboulafia, de la firme de consultation américaine Teal Group, croit que le principal risque vient de la Chine. C'est une entreprise chinoise, Shenyang Aircraft Corporation (SAC), qui fabriquera le fuselage de la CSeries.

Le grand patron de Bombardier en Chine, Jianwei Zhang, s'est toutefois montré confiant dans les capacités de SAC.

«Ça fonctionne très bien, a-t-il affirmé aux journalistes, après avoir participé à une table ronde à HEC en marge de la réunion du Conseil consultatif international. Comme tout programme à ses débuts, il y a des problèmes, mais ça va de mieux en mieux.»

Il ne pense pas que le travail de SAC occasionnera des délais à la CSeries, n'en déplaise à M. Aboulafia.

«C'est moi qui connais le mieux la situation, a-t-il lancé en riant. Je suis en confiance.»

Il n'a toutefois pas été en mesure de dire quand l'entente stratégique conclue entre Bombardier et le géant chinois de l'aéronautique COMAC pourrait donner lieu à des ententes spécifiques. En vertu de cette entente-cadre, conclue en mars dernier, les partenaires s'étaient engagés à étudier des projets de collaboration en marketing, en relation avec la clientèle et en approvisionnement.

«Ça progresse, étape par étape, a déclaré Jianwei Zhang. Personne ne peut dire quand on va signer une entente.»

Il n'a pas voulu dire non plus si une commande chinoise pour la CSeries était imminente.

«Les transporteurs chinois s'intéressent beaucoup à la CSeries, nous sommes en train de discuter avec plusieurs. Malheureusement, je ne peux pas en dire plus.»