Grâce à une entente conclue avec l'École de technologie supérieure (ETS) et l'entreprise québécoise Marinvent, Bombardier pourra former rapidement les ingénieurs qui testeront la CSeries en vol.

La question devenait pressante: la CSeries, cette nouvelle famille d'appareils de 110 à 135 places, devrait effectuer son premier vol au milieu de l'année prochaine. Les livraisons devraient débuter à la fin de 2013.

«Lorsque nous avons eu une rencontre il y a six semaines, nous avons réalisé que nous étions en retard, a déclaré le directeur des activités de l'ETS en aérospatiale, AEROETS, Hani Moustapha, en conférence de presse hier. Il a fallu se dépêcher pour conclure une entente.»

Le président de Marinvent, John Maris, a affirmé que les avocats qui ont travaillé à la rédaction des documents avaient probablement établi un record de vitesse.

«Nous avons un échéancier serré et nous voulons le respecter, a déclaré pour sa part le doyen de l'Université Bombardier en génie, Jean-Paul Lemarquis. Nous sommes confiants de pouvoir le faire.»

Bombardier avait prévu des marges de sécurité dans le développement de la CSeries afin de faire face à d'éventuels pépins. Des pépins ont effectivement fait leur apparition et il ne reste plus de marge de sécurité. Si un autre pépin apparaît, la CSeries prendra du retard.

Afin d'obtenir la certification de l'appareil, Bombardier devra effectuer un nombre important d'essais en vol. Lors de ces essais, des ingénieurs s'installent à bord de l'appareil pour recueillir des données. C'est un travail stressant qui se fait dans des conditions difficiles. Et qui demande une formation particulière.

«Former des ingénieurs de bord, c'est très difficile et très coûteux, a indiqué M. Maris. On parle de 1 million de dollars par étudiant et d'une année de formation. Les organisations ne peuvent pas se permettre cela. Nous offrons une solution unique en son genre. Nous allons prendre les ingénieurs de Bombardier et les mettre à niveau.»

Cette solution comprend notamment l'utilisation de l'avion d'essai de Marinvent, un turbopropulseur Piaggio Avanti II perfectionné. Bombardier et Marinvent utiliseront également les installations de l'ETS pour effectuer une partie de la formation.

L'avionneur poursuit d'ailleurs sa recherche d'ingénieurs: depuis quelques jours, il fait savoir sur les réseaux sociaux qu'il veut embaucher 100 ingénieurs avant Noël.

L'ETS a également signé hier une entente de partenariat avec la plus grande université spécialisée en aviation et en aéronautique au monde, Embry-Riddle Aeronautical University, établie en Floride. Les deux institutions collaboreront sur des projets de recherche et échangeront des étudiants et des professeurs. L'ETS pourra ainsi bénéficier des programmes pointus d'Embry-Riddle et l'université américaine pourra bénéficier de la présence d'une forte grappe aérospatiale à Montréal.

«Ils ont des plages, mais ils n'ont pas les Bombardier, Bell Helicopter et Pratt&Whitney Canada (P&WC) que nous avons», a déclaré M. Moustapha.

L'ETS a finalement annoncé la création du Centre avancé de propulsion Pratt&Whitney Canada. Ce centre comprendra des projets de recherche dans le domaine de la fabrication avancée et pourra compter sur trois moteurs de P&WC réservés à la formation et un banc d'essai virtuel. Le centre, qui bénéficiera de la contribution de 17 professeurs, représente des investissements de 5 millions de dollars.