Qatar Airways a commandé mardi 55 Airbus après une négociation sans quartier avec l'avionneur européen qui a tenu le salon aéronautique de Dubai en haleine.

À la fin de la journée, ce contrat pour un prix catalogue de 6,4 milliards de dollars portait le total des commandes et engagements obtenus par Airbus à 20,4 milliards en trois jours. Il rattrape ainsi son rival Boeing qui avait décroché une commande historique de 18 milliards à l'ouverture du salon.

Le patron de Qatar Airways, l'imprévisible Akbar al-Baker, n'a pas hésité à annuler pour la deuxième fois une conférence de presse prévue avec Airbus, puis à l'accuser publiquement de devoir «encore apprendre à faire des avions», avant de signer finalement un contrat attendu depuis le salon du Bourget, en juin dernier.

La commande de 50 moyen-courriers Airbus Neo, la prochaine version du best-seller d'Airbus, et de cinq A380, son super-jumbo, représente 6,4 milliards de dollars au prix catalogue, a annoncé le directeur commercial d'Airbus John Leahy.

«Malheureusement, M. Baker ne veut pas payer le prix catalogue», a-t-il plaisanté. Les clients obtiennent toujours des remises importantes des constructeurs.

Dans la journée, Airbus avait annoncé des signatures de contrats avec la société de leasing américaine Aviation Capital Group pour 30 Airbus A320 Neo (prix catalogue de 2,7 milliards de dollars) et d'un memorandum d'accord de 6,7 milliards avec la compagnie à bas prix Spirit basée en Floride pour l'achat de 70 des mêmes appareils.

Lundi, Airbus avait décroché une commande de 4,6 milliards de dollars pour 50 Neo de la compagnie de leasing koweitienne Alafco.

M. Baker a fait feu de tout bois pour négocier à la corde. Il a même annoncé qu'il allait revendre ses 29 A330 parce qu'Airbus refusait de les transformer en avions cargo, et d'acheter à la place des 767 de seconde main à Boeing, avant de revenir apparemment sur sa menace en fin de journée.

À la signature du contrat, M. Leahy a salué «le professionnalisme inflexible et le sens du commandement d'Akbar», un de ses principaux clients.

Akbar al Baker, un petit homme vif au sens de l'humour aiguisé, est un habitué des revirements spectaculaires. Signant mardi un accord avec Boeing sur l'achat de deux avions cargo pour 560 millions de dollars, il a rappelé que deux ans plus tôt ses relations avec le constructeur américain étaient «tendues».

Au début de l'automne, il a refusé pendant un mois de prendre livraison des deux premiers avions cargo 747-8 de Boeing destinés à Cargolux, un refus humiliant pour le constructeur de Seattle.

Qatar Airways est la deuxième compagnie aérienne du Moyen-Orient derrière Emirates, basée à Dubaï, et se développe à une vitesse spectaculaire sur les routes transocéaniques.

Elle possède une centaine d'avions et M. Baker a annoncé qu'il comptait la stabiliser à 170 avions. Sa flotte est composée d'Airbus 320 et 330 et de Boeing 777.

Qatar Airways a acquis récemment la compagnie de fret Cargolux, basée au Luxembourg, et ambitionne de devenir le premier transporteur de fret du Moyen-Orient.

M. Baker a renouvelé ses critiques contre l'évolution du programme de l'A350-1000, la version la plus puissante du prochain long-courrier d'Airbus, dont il a commandé une vingtaine d'exemplaires, et qui devrait concurrencer directement le 777-200 de Boeing.

Boeing et son rival européen tablent sur l'augmentation du trafic passagers au Moyen-Orient et les commandes pharaoniques des compagnies du Golfe --Emirates, Qatar Airways, et la nouvelle venue Etihad, basée à Abou Dhabi-- pour soutenir leur propre croissance.