Deux sociétés aériennes de Bahreïn, dans le golfe Persique, réclament plus de 28,9 millions à Bombardier Aéronautique (T.BBD.B) pour le non-respect allégué de contrats d'achat et d'échange d'avions d'affaires.

Dans une poursuite déposée au palais de justice de Montréal obtenue par La Presse Affaires, Bahrain Executive Air Services (Bexair) et Arabian Aircraft & Equipment Leasing Co. (AAELCO) soutiennent que l'avionneur québécois s'est traîné les pieds, à leurs dépens, dans le processus de négociation pour l'échange de deux avions de Bexair et d'AAELCO et l'achat par Bexair de cinq jets d'affaires de Bombardier.

Les sociétés exigent donc le remboursement d'avances de plus de 13,2 millions US versées entre mars 2007 et avril 2008 et l'attribution de dommages dépassant les 15 millions US.

Selon le document de la poursuite, Bexair et Bombardier ont conclu des ententes pour l'acquisition par la firme de Bahreïn de deux Challenger, en avril et juillet 2007, et de trois Global 5000, en mars 2008.

Leur accord, précisé lors d'une foire commerciale de l'aéronautique tenue à Genève, en mai 2008, prévoyait que Bombardier achète pour revente, à 20 millions US, deux appareils détenus par Bexair et AAELCO, permettant à Bexair de financer en partie les coûts d'acquisition d'un des Global 5000.

Bexair soutient que Bombardier s'est engagée à réaliser cette partie de la transaction dès la conclusion de l'inspection des appareils. Toute réparation serait déduite des 20 millions que la société québécoise a accepté de payer.

Bexair dit avoir livré le premier avion le 18 juin 2008 aux installations de Bombardier à Bradley, au Connecticut, et le deuxième à Orlando, en Floride, quelques jours plus tard.

Peu après, Bombardier a rapporté de nombreux défauts et exigé que Bexair se charge de les corriger. L'avionneur s'est ensuite montré pointilleux à l'excès et a allongé les délais, dit la firme de Bahreïn.

«Il est devenu clair pour Bexair que Bombardier retardait volontairement la conclusion de l'inspection... dans l'espoir de trouver des acheteurs pour la revente des deux avions d'échange», avance-t-elle.

Puis, trois mois plus tard, Bombardier a avisé Bexair qu'elle suspendait son projet d'achat des deux appareils de seconde main, faute d'avoir déniché des repreneurs et en raison de la crise financière qui faisait rage à ce moment. Bexair assure cependant que leur entente ne posait pas la condition d'une revente assurée.

Forcer la main

La compagnie aérienne accuse Bombardier d'avoir tenté de lui forcer la main en lui mettant des pressions financières, afin que AAELCO et elle acceptent des modifications à leur accord au seul avantage de l'avionneur québécois.

«Bombardier a placé Bexair et AAELCO dans une situation impossible, à la merci de la volonté de Bombardier d'obtenir un règlement pour une situation qu'elle a créée elle-même.»

Au cours des mois suivants, les achats des deux Challenger et des trois Global 5000 ont été annulés de consentement, soutient Bexair.

Bombardier ne semble pas du même avis, puisque l'entreprise a fait parvenir à Bexair un avis de résiliation de contrat, parce qu'elle n'en a pas respecté les conditions de paiement, et lui réclame une pénalité de 10%.

Bexair et AEELCO expliquent ainsi les dommages qu'elles ont subis.

À la mi-octobre, Bombardier était en possession de leurs deux appareils - un Challenger 601 et un Cessna Citation Excel - depuis l'été 2008, le Challenger étant depuis ce temps garé à l'extérieur et soumis aux éléments.

L'avionneur québécois ne les a pas entretenus adéquatement et il les a endommagés lors de ses inspections.

Qui plus est, Bexair et AAELCO ont été privées pendant tout ce temps de leurs appareils et des revenus qu'ils auraient générés, et elles se sont mises à mal auprès de leurs créanciers par la faute de Bombardier.

Jointe par La Presse Affaires, la porte-parole de Bombardier Avions d'affaires, Danielle Boudreau, n'a pas voulu commenter l'affaire. «Nous ne faisons pas de commentaires sur les litiges qui sont devant les tribunaux», a-t-elle dit.