Un haut dirigeant de Boeing doute qu'il y ait un marché pour la CSeries.

«Pour qu'un nouvel avion connaisse le succès, il faut un marché, a déclaré le vice-président au marketing de Boeing Avions commerciaux, Randy Tinseth, au cours d'une rencontre avec des journalistes hier à Montréal. Ce qui sera difficile pour la CSeries, c'est qu'elle essaiera de réussir dans un secteur qui n'a vu aucun nouvel appareil connaître le succès depuis bien longtemps. La dernière fois remonte aux années 70, avec le 737-200.»

Boeing [[|ticker sym='BA'|]] et Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] ne s'entendent pas sur la taille de ce marché.

Bombardier prévoit que les transporteurs auront besoin de 7000 nouveaux appareils de 100 à 149 places au cours des 20 prochaines années. La CSeries se situe au beau milieu de ce segment: les deux membres de cette famille offriront de 110 à 130 places.

De son côté, Boeing s'attend à ce que la demande pour de nouveaux appareils de 90 à 200 places, regroupés dans la catégorie des appareils à couloir unique, atteigne 23 370 unités au cours des 20 prochaines années. Boeing ne spécifie cependant pas quelle sera la demande pour les appareils de la taille de la CSeries.

«Nous n'entrons pas dans de tels détails, a déclaré M. Tinseth. Mais je peux dire que pour les appareils de moins de 125 places, nous parlons d'une couple de milliers d'unités seulement.» Il a affirmé que la tendance du marché favorisait des appareils de plus en plus gros. En 1999, le Boeing 737 Next Generation comptait en moyenne 147 places. En 2010. il en comptait 161.

Il a noté que par le passé, Boeing avait offert un appareil de la taille de la CSeries, le B717, avant de jeter l'éponge devant des ventes anémiques.

«Nous avons travaillé très fort pour lui donner un essor, mais les caractéristiques économiques de ce segment présentaient trop de difficultés.»

M. Tinseth a affirmé qu'un autre ingrédient était essentiel pour assurer le succès d'un nouveau programme: offrir un bon appareil.

«Je vois que Bombardier est très agressive en ce qui concerne les performances de sa nouvelle famille, mais elle aura fort à faire pour livrer la marchandise, et ce, dans un segment de marché qui n'a pas vu de succès depuis longtemps et qu'un analyste a qualifité de Triangle des Bermudes», a-t-il lancé.

Embraer étudie présentement la possibilité de lancer un appareil de la taille de la CSeries. M. Tinseth n'a pas voulu commenter la rumeur voulant que Boeing vienne prêter main-forte à l'avionneur brésilien. Il a cependant rappelé que son entreprise avait déjà collaboré avec des avionneurs comme Sukhoi et Mitsubishi, notamment dans le domaine du marketing.

«Il y a toujours des possibilités pour des partenariats», a-t-il laissé tomber.

À en croire Boeing, Bombardier devrait également connaître des jours difficiles du côté des biréacteurs régionaux. Le manufacturier américain prévoit que la demande pour de nouveaux biréacteurs régionaux de 30 à 89 places n'atteindra que 1980 appareils au cours des 20 prochaines années. La demande pour des appareils à deux couloirs atteindra 7330 unités, et celle pour de très grands appareils, 820 unités.