La société aéronautique française Latécoère s'implante dans la région de Montréal, ce qui devrait entraîner la création d'une soixantaine d'emplois au cours des trois prochaines années.

Dans un marché où les ingénieurs et les techniciens sont déjà demandés, le recrutement constituera un défi pour la nouvelle filiale, LATecis Canada.

«Il ne faut pas aller se servir chez nos concurrents et nos clients, a déclaré le président et chef de la direction de Latécoère, François Bertrand, au cours du congrès annuel de l'Association québécoise de l'aérospatiale (AQA) hier à Montréal. Ce serait du plus mauvais effet.»

Latécoère se spécialise dans trois domaines: les aérostructures (fuselage et portes), le câblage électrique et les services d'ingénierie. Elle a des clients de taille, comme Airbus, Boeing, Dassault, Embraer et Bombardier.

Cela fait une quinzaine d'années que Latécoère fait affaire avec l'avionneur québécois, fournissant notamment des portes pour les biréacteurs régionaux CRJ. La société française travaille maintenant au développement des portes et d'un tronçon de fuselage de la CSeries. Une centaine d'employés de Latécoère travaillent à ce projet: une soixantaine à Toulouse, une quarantaine au Québec. Ces derniers sont essentiellement des expatriés.

Avec la création de la filiale LATecis Canada, spécialisée dans la conception et le développement, Latécoère devrait engager 60 personnes de plus d'ici 2014, pour atteindre une centaine d'employés. «S'implanter à Montréal, c'est un vieux rêve pour nous, a confié M. Bertrand. Montréal, c'est le troisième centre aéronautique mondial, après Seattle et Toulouse. Mais il ne fallait pas le faire trop tôt. Le contrat pour la CSeries représentait une bonne occasion pour établir notre présence.»

Il a toutefois noté que l'implantation de Latécoère au Canada n'était pas liée uniquement à la CSeries.

«Il y aura d'autres programmes avec Bombardier, il y a d'autres grands acteurs au Canada», a-t-il rappelé.

L'entreprise se positionne notamment auprès d'Aerolia, filiale d'EADS, qui a obtenu le contrat de fabrication du fuselage central des deux plus récents biréacteurs d'affaires de Bombardier, le Global 7000 et le Global 8000.

Pour pourvoir les nouveaux bureaux de LATecis Canada à Laval, Latécoère entend recruter des jeunes à la sortie des collèges et de l'université, mais il lui faut également du personnel expérimenté, un «noyau d'expérience».

Certains expatriés voudront peut-être rester. Latécoère fera également du recrutement sur le marché aéronautique local, «mais avec modération, pour ne pas déstabiliser le marché».

L'entreprise regardera aussi du côté de ses filiales ailleurs dans le monde, comme Latécoère do Brasil, créée en 2004 pour répondre aux besoins d'Embraer. Laétcoère entend finalement faire du recrutement dans d'autres secteurs industriels au Canada et recycler du personnel expérimenté.

Latécoère s'implante au Canada sans aide gouvernementale, mais M. Bertrand a noté que l'environnement québécois était amical et favorable à l'industrie aéronautique.

«Nous avons eu de nombreux contacts avec divers institutions et organismes, a-t-il indiqué. Lorsque nous aurons des projets, c'est le genre de contacts qui pourra jouer.»

Outre les services de conception, LATecis se spécialise dans la fourniture de systèmes clé en main, comme l'outillage de chaînes d'assemblage. C'est un volet que LATecis entend poursuivre au pays.

«Ce sont des éléments de très grande valeur qui mobilisent des équipes importantes, a déclaré le président et chef de la direction de LATecis, Hervé Schembri. LATecis fait la gestion, la conception et l'intégration. La réalisation se fait par des entreprises locales. Nous chercherons à nous appuyer sur des partenaires locaux. Il y aura donc création d'emplois indirects.»