Confronté à une disette de commandes pour ses jets régionaux CRJ, Bombardier (T.BBD.B) s'est finalement résolu mardi à annoncer une réduction de la cadence de production de ces avions assemblés à Mirabel, au nord de Montréal.

L'entreprise montréalaise prévoit toutefois que cette décision, qui entrera en vigueur en janvier, n'entraînera aucune mise à pied.

Quelque 350 employés seront tout de même touchés par la mesure. Ils seront mutés à d'autres fonctions, que ce soit au développement de la nouvelle famille d'avions CSeries de 110 à 145 places ou à la production des jets d'affaires Global et Learjet 85.

Les Global et le Learjet 85 ne sont pas assemblés dans la région montréalaise. Une partie du travail d'ingénierie du Learjet 85 et la finition des Global y sont cependant effectuées.

En tout, quelque 1200 personnes travaillent à la production des CRJ chez Bombardier, principalement dans la région de Montréal, mais également à Belfast, en Irlande du Nord.

«Au cours des dernières années, on a développé une certaine relation entre le syndicat et la compagnie en vertu de laquelle on a été capables de contrôler les effets des ralentissements de production», a expliqué mardi Dave Chartrand, porte-parole de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l'aérospatiale, qui représente les syndiqués de Bombardier Aéronautique.

Depuis le début de l'année, Bombardier a vendu à peine sept CRJ, qui peuvent transporter de 65 à 100 personnes selon la version. Pendant la même période, son grand rival brésilien, Embraer, a reçu des commandes pour 62 de ses E-Jets de 70 à 122 sièges.

Le mois dernier, le président et chef de l'exploitation de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, a reconnu que l'avionneur avait eu du mal à tenir tête à Embraer dans les pays émergents, d'où sont provenues une bonne partie des commandes d'avions régionaux au cours des derniers mois.

Le dirigeant avait alors averti qu'il envisageait sérieusement une réduction de la cadence de production si de nouvelles ventes ne se concrétisaient pas rapidement. Le carnet de commandes des CRJ totalisait alors 61 appareils, soit 15 mois de production, alors que Bombardier vise au moins 18 mois.

«Bien que plusieurs campagnes de vente de nos avions CRJ progressent et que les perspectives à long terme du programme CRJ demeurent positives, la réduction du rythme des commandes a rendu nécessaire une révision de nos plans de production», a indiqué M. Hachey mardi dans un communiqué.

Impact limité

Bombardier n'a pas voulu chiffrer l'importance de la réduction de cadence de production. L'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, prédit qu'elle passera d'une quarantaine à une trentaine d'appareils par année.

M. Doerksen estime que les marges bénéficiaires associées aux CRJ sont parmi les plus faibles de tous les avions construits par Bombardier. Par conséquent, il ne s'attend pas à ce que la réduction de cadence ait un impact important sur la rentabilité de l'entreprise.

Bombardier Aéronautique croit toujours livrer 90 avions commerciaux cette année, mais Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, table plutôt sur 79 appareils.

L'entreprise annoncera ses prévisions pour 2012 au début de l'an prochain. M. Poirier anticipe qu'elle réduira ses livraisons de CRJ de 11 pour cent pour un total de 34 appareils.

«Compte tenu des besoins de remplacement chez les clients traditionnels de Bombardier, nous nous attendons à ce que les livraisons d'avions commerciaux de l'entreprise retrouvent un niveau oscillant entre 90 et 100 appareils au cours des prochaines années», a néanmoins indiqué l'analyste Michael Willemse, de CIBC Marchés des capitaux, dans une note.

M. Chartrand, du syndicat, a dit craindre moins une chute des commandes de CRJ qu'une délocalisation éventuelle de la production de ces avions dans un pays en développement.

En fin d'après-midi, mardi, l'action de Bombardier s'échangeait à 4,21 $, en baisse de 0,7 pour cent, à la Bourse de Toronto.