Le marché a malmené l'action de Bombardier (T.BBD.B) hier, même si les profits de l'entreprise ont bondi de 53% au deuxième trimestre.

L'action de catégorie B de Bombardier a chuté de 6,8% pour clôturer à 4,77 dollars hier à la Bourse de Toronto.

C'est que l'incertitude continue de planer au-dessus du marché de l'aviation régionale. Bombardier Aéronautique s'attendait à enregistrer plus de commandes et à encaisser plus d'avances de ses clients. La direction constate maintenant que les entrées de fonds de cette division seront inférieures à ses dépenses en immobilisation cette année. En outre, Bombardier Aéronautique pourrait devoir réduire la cadence de production des avions régionaux en 2012.

«Ce n'est pas notre plan, ce n'est pas ce que nous voulons faire, a toutefois déclaré le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, au cours d'une conférence téléphonique, hier. Nous nous attendions à ce que le marché régional se rétablisse plus rapidement, mais ça n'a pas été le cas. Nous en ressentons les effets.»

Il a par ailleurs fait valoir que Bombardier avait des discussions avancées avec six ou sept sociétés intéressées au turbopropulseur Q400, assemblé à Toronto.

«Le désir est là, mais il y a de l'anxiété dans l'air et ils préfèrent attendre pour l'instant», a déclaré M. Hachey.

Il y a trois mois, Bombardier a annoncé une petite réduction de la cadence de production du Q400, ce qui devait toucher une centaine d'employés à Toronto.

«Cela devrait être suffisant d'ici à la fin de l'année», a indiqué le président de Bombardier Aéronautique.

Biréacteurs

Du côté des biréacteurs CRJ, assemblés à Mirabel, ce sont trois ou quatre sociétés qui se sont montrées intéressées.

«Cela ferait une grosse différence pour nous, mais eux aussi attendent, a déclaré M. Hachey. Si les choses ne changent pas, nous devrons prendre des décisions à l'automne au sujet de la cadence de production du CRJ.»

Il a également noté que si Bombardier devait diminuer la cadence de production des CRJ, elle pourrait transférer du personnel du côté de la CSeries, qui sera également assemblée à Mirabel. Il s'est d'ailleurs montré optimiste au sujet de cette nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places, qui a fait l'objet de 43 commandes nettes au deuxième trimestre.

«Nous sommes en discussions avancées avec quatre ou cinq autres clients, a affirmé M. Hachey. Nous nous attendons à une série de commandes dans les mois à venir.»

Il n'a pas voulu se laisser intimider par le Boeing Max, version remotorisée du 737.

«En nous basant sur les données préliminaires que nous avons, nous maintenons que la CSeries aura un avantage d'au moins 10% sur cet appareil en ce qui concerne les coûts d'exploitation, a-t-il lancé. Nous ne connaissons pas le pourcentage exact parce que nous n'avons pas eu assez de temps pour étudier cela. Par comparaison, les coûts d'exploitation de la CSeries seront 12% moins élevés que ceux de l'A319neo (version remotorisée de l'Airbus A319).

Les revenus de Bombardier ont atteint 4,7 milliards au deuxième trimestre, une progression de 17% par rapport au même trimestre de l'exercice précédent. Le bénéfice net est passé de 138 millions à 211 millions. Par action, il a bondi de 7 cents, à 12 cents.

Ces résultats ont dépassé les attentes des analystes. Le consensus portait en effet sur des revenus de 4,5 milliards et un bénéfice net de 10 cents par action. La situation du marché régional a cependant préoccupé les analystes, accaparant ainsi une bonne partie des questions lors de la conférence téléphonique d'hier.

La situation de Bombardier Transport en Chine a aussi attiré l'attention, après la terrible collision entre des trains à grande vitesse le mois dernier, un accident qui a fait 36 victimes et qui a amené le gouvernement chinois à mettre la pédale douce dans ses projets de trains à très grande vitesse.

«Ce n'était pas une bonne nouvelle, mais cela n'aura pas d'impact sur nos activités en Chine parce que le gouvernement chinois a réaffirmé son intention de continuer à étendre ses réseaux de trains à grande et à très grande vitesse», a déclaré le président de Bombardier Transport, André Navarri.

------------

UN DEUXIÈME TRIMESTRE SOLIDE

- Revenus de 4,7 milliards de dollars, en regard de 4 milliards l'exercice précédent

- Profit net de 211 millions, comparativement à 138 millions l'exercice précédent

- Un carnet de commandes de 56,9 milliards, contre 52,7 milliards au 31 janvier 2011

- Signature de 43 commandes fermes de la gamme d'avions CSeries d'une valeur totale de 2,8 milliards