Québec et le chantier maritime Verreault font la paix: le ministre Clément Gignac a présenté ses excuses à la présidente du chantier, Denise Verreault, et se montre intéressé à appuyer ses projets d'expansion.

Depuis un mois, le ministre du Développement économique et la chef d'entreprise se livraient une guerre de mots. Denise Verreault accusait le gouvernement du Québec de concurrence déloyale en finançant selon elle un canard boiteux, les Chantiers Davie, tandis que le ministre lui avait ensuite reproché un retard de 43 mois dans le remboursement d'un prêt d'Investissement Québec, le bras financier du gouvernement. Il s'agit d'un prêt de 5 millions $ consenti en 2002.

La dirigeante d'entreprise affirmait que ces informations étaient confidentielles et inexactes et avait entrepris des discussions avec ses avocats.

En point de presse mercredi, M. Gignac a dit qu'il a finalement eu, la semaine dernière, une rencontre «constructive et franche, pour utiliser des expressions diplomatiques», avec la patronne du chantier situé aux Méchins, à la limite de la région administrative du Bas-Saint-Laurent.

«Mme Verreault est une entrepreneure que je respecte, qui crée de la richesse et fait travailler le monde», a tenu à déclarer M. Gignac.

Il a même présenté ses excuses pour une partie de ses récriminations. Il avait soutenu que le Groupe Maritime Verreault tardait à présenter son plan d'affaires à Investissement Québec, ce qui était faux.

«Mme Verreault avait raison, a-t-il concédé. Investissement Québec avait reçu son plan d'affaires, mais ne me l'avait pas mentionné.»

Toutefois, il assume le reste de ses propos: il s'attend à ce que les entreprises qui obtiennent de l'assistance financière en temps difficiles remboursent les sommes dues quand la conjoncture s'améliore.

«C'est toute la mission d'Investissement Québec et les finances publiques qui sont remises en cause (si les entreprises ne remboursent pas leurs prêts)», a-t-il soutenu.

Il souhaite que le Groupe maritime Verreault régularise sa situation avec Investissement Québec dans le remboursement de son prêt de 5 millions $, même s'il ne pose «aucun ultimatum».

Par ailleurs, il est ouvert à appuyer l'entreprise dans son projet d'expansion de 30 millions $, qui consiste notamment en l'agrandissement de la cale sèche.

«Je lui ai dit que je regardais son projet d'un bon oeil. (...)  Mon équipe va travailler avec son équipe pour qu'on puisse bien l'attacher.»

Selon lui, il y a de la place pour plusieurs joueurs dans le domaine de la construction navale au Québec: Davie peut jouer la carte des contrats fédéraux de la marine, tandis que Verreault peut tirer avantage des retombées du Plan Nord, avec l'élargissement du trafic maritime et en se spécialisant dans les réparations.

«Je pense qu'il va y avoir de l'ouvrage pour tout le monde. On est en complémentarité. On peut aller de l'avant avec Davie, mais aussi accompagner Mme Verreault dans son projet d'investissement», a dit le ministre Gignac.

Heureux du dénouement du litige, le député péquiste de Matane, Pascal Bérubé, juge par contre que M. Gignac a esquivé l'enjeu de fond. Dans une entrevue téléphonique mercredi après-midi, il a exigé du ministre qu'il garantisse que la Davie se confine à la construction, sans toucher à la réparation, le créneau du Groupe maritime Verreault.

«Il n'a pas répondu à cette question», a déploré M. Bérubé.

Enfin, le ministre du Développement économique a brièvement commenté les nouveaux déboires du chantier Davie à Lévis. Une entreprise de Chypre lui réclame ses 125 millions $ de dépôt pour des navires qui n'ont finalement jamais été construits.

M. Gignac a affirmé que ces créances étaient déjà connues et que le dossier se réglera en cour. Il reste convaincu que Davie constitue «la meilleure offre de services» pour l'obtention des contrats fédéraux de la marine.

Investissement Québec injectera 19 millions $ dans la Davie, maintenant propriété d'une coentreprise constituée par SNC-Lavalin, l'ontarienne Upper Lakes et la sud-coréenne Daewoo.