Les biréacteurs régionaux de Bombardier que divers clients en difficulté ont largués dans la cour d'Exportation et Développement Canada (EDC) au cours des années commencent à coûter cher à la société d'État.

EDC a inscrit une charge de 131 millions de dollars dans son rapport annuel 2010 pour refléter la dépréciation de ces appareils, des CRJ de 50 places.

«Avec la montée du prix du carburant et l'accroissement des frais d'entretien à mesure que les appareils vieillissent, les compagnies aériennes s'efforcent de réduire considérablement leur recours aux avions à réaction de 50 places, explique EDC dans son rapport annuel. Par conséquent, la valeur que nous pouvons réaliser soit à la location de ces appareils, soit à leur vente, diminue.»

La popularité des biréacteurs régionaux de 50 places est tellement en perte de vitesse que Bombardier a cessé d'en construire en 2005.

EDC, une société d'État financièrement autonome, offre du financement aux acheteurs étrangers de certains produits fabriqués au Canada, comme les biréacteurs régionaux de Bombardier. Au cours des dernières années, elle a récupéré plusieurs dizaines de CRJ à la suite de la faillite ou de la cessation d'activités de clients de Bombardier. Par exemple, à la fin de 2005, elle a récupéré 15 appareils qu'exploitait Northwest, et au début de 2006, elle a repris 27 appareils du transporteur à rabais Independence Air.

En 2010, EDC a récupéré sept appareils parce que le propriétaire, non nommé, n'effectuait plus les paiements sur ses prêts. À la fin de décembre 2010, la société d'État possédait 43 appareils qu'elle destinait à la location et quatre qu'elle souhaitait vendre purement et simplement.

Revente ou location

«On croit qu'au lieu de les mettre en location, on peut les vendre, soit parce qu'ils sont neufs, soit parce qu'ils sont très vieux et qu'on peut les vendre pour les pièces», a indiqué le porte-parole d'EDC, Philippe Taylor, en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires.

EDC a placé 13 appareils auprès d'un transporteur aérien en vertu d'un contrat de location à long terme, générant des revenus de 8 millions de dollars pendant l'exercice. La société a loué 25 autres appareils à 7 transporteurs en vertu de contrats à plus court terme, enregistrant ainsi des revenus additionnels de 32 millions.

Or, ces revenus sont loin de couvrir les dépenses d'EDC pour gérer ces appareils, soit les frais d'entretien, de révision et d'assurance, ainsi que l'amortissement. Ces frais ont atteint 59 millions en 2010.

«On peut dire que le portefeuille de location présente une perte en 2010», a admis M. Taylor.

Les dépenses d'EDC liées aux activités de location ont également surpassé les revenus en 2009, mais elles ont été inférieures en 2008, ce qui a permis de générer un mince profit de 9 millions de dollars.

«Profitable»

M. Taylor a tenu à souligner que l'ensemble du portefeuille aéronautique d'EDC était profitable depuis des années.

«C'est notre plus important portefeuille», a-t-il affirmé.

En 2010, l'aéronautique a représenté 28% du portefeuille de prêts commerciaux et de garanties de prêts d'EDC, soit 8,8 milliards en prêts, 2 milliards en engagement et 117 millions en garanties de prêts, pour un total d'un peu plus de 11 milliards. Les industries extractives viennent en deuxième position avec 10,6 milliards.

EDC a estimé que les prêts douteux liés à l'aéronautique atteignaient 171 millions de dollars à la fin de 2010, une importante diminution par rapport à la fin de 2009, où ils atteignaient 284 millions.