Partie remise pour Bombardier Aéronautique. Telle est la réaction des analystes après la confirmation hier par le transporteur American Airlines d'une supercommande de 460 avions moyen-courrier auprès de Boeing et d'Airbus.

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Une commande qui, du coup, échappe à Bombardier et à sa CSeries, pourtant de capacité semblable et plus efficace en carburant que les jets Boeing et Airbus commandés par American.

«L'élément négatif à court terme pour Bombardier avec cette annonce d'American est en fait le lancement par Boeing d'une version remotorisée de son 737, ce qui rehausse la concurrence pour la CSeries», a souligné Benoit Poirier, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins.

N'empêche, selon l'analyste, la décision de Boeing de remotoriser ses 737 plutôt que de les renouveler complètement pourrait inciter des transporteurs à devancer des commandes de CSeries.

Ces avions de 110 à 150 passagers mis au point par Bombardier sont attendus comme les plus performants dans leur catégorie au moment de leur entrée en service, dans trois ans environ.

Selon Cameron Doerksen, analyste à la Financière Banque Nationale, le lancement d'un 737 remotorisé par Boeing pourrait même s'avérer «plus positif que négatif» pour Bombardier.

Comment? L'analyste estime qu'après Airbus, qui remotorise ses petits jets 320, la décision de Boeing de l'imiter avec son 737 précise le choix offert aux transporteurs qui veulent moderniser leur flotte d'avions moyen-courrier afin d'en réduire la consommation en carburant.

Or, dans le marché des avions de 110 à 150 passagers, M. Doerksen considère que Bombardier est désormais assurée d'être seule sur le marché pendant quelques années avec de nouveaux appareils de la plus haute efficacité possible.

Cette situation de «leadership» pourrait durer jusqu'au début des années 2020, moment le plus rapproché pour le lancement par Boeing et Airbus d'avions de remplacement pour leurs biréactés 737 et 320.

Par conséquent, selon l'analyste, malgré son absence de la supercommande d'American Airlines, Bombardier serait en «situation renforcée» de confirmer bientôt des commandes de CSeries auprès d'autres transporteurs nord-américains.

Le groupe Delta/Northwest serait en tête avec son annonce attendue d'ici quelques mois d'un important achat d'avions moyen-courrier.

Pour le moment, le carnet de commandes de la CSeries comprend 133 achats et 119 options, répartis parmi 8 clients, dont le transporteur asiatique Korean Air.

L'objectif de Bombardier est d'avoir 300 ventes d'avions parmi une vingtaine de clients au moment des premières livraisons de la CSeries, dans trois ans environ.

À la financière UBS, l'analyste Tasneem Azim estime que la «valeur à long terme du projet CSeries demeure intacte» chez Bombardier, malgré son absence de la supercommande d'American Airlines.

À court terme, admet l'analyste, la remotorisation du 737 chez Boeing rehaussera la concurrence pour la CSeries, en ajout du projet semblable chez Airbus pour ses 320.

Mais, pour la suite, selon l'analyste d'UBS, la CSeries maintiendra ses avantages importants pour les coûts d'exploitation moindres et de sa primauté de marché comme nouvel avion.

C'est pourquoi, à l'instar d'autres analystes, Tasneem Azim recommande à ses clients-investisseurs de profiter d'un repli boursier de Bombardier provoqué par la commande d'American chez Boeing et Airbus pour racheter de ses actions.

En Bourse, hier, l'action de Bombardier a terminé en recul de 0,9%, à 6,38$.