Le président-directeur général de Qatar Airways, Akbar Al Baker, soutient qu'il ne voit rien pour le moment qui puisse faire dérailler une future commande de 15 à 25 avions de la CSeries, de Bombardier. Les discussions entre le transporteur et l'avionneur ont simplement été retardées en raison du très grand nombre de commandes sur lesquelles Qatar Airways a travaillé récemment.

De passage dans la métropole pour le lancement de la liaison Montréal-Doha, jeudi, le PDG de la société qatari a confirmé son intérêt maintes fois manifesté pour la CSeries. Qatar Airways avait soulevé l'an dernier certaines interrogations relativement aux potentielles économies de carburant du moteur, mais le transporteur a été rassuré et ce n'est plus un problème.

«Nous avons été inondés par les dossiers de commandes d'avions dernièrement, et nous n'avons pas assez de ressources pour gérer tout ça à la fois, expliqué M. Al Baker. Nous avons seulement repoussé nos discussions avec Bombardier concernant la CSeries. On espère être en position de commander bientôt.» Cela pourrait vouloir dire le mois prochain, mais aussi l'an prochain. De son côté, la porte-parole de Bombardier Aéronautique a simplement confirmé que les discussions se poursuivaient.

Qatar Airways souhaiterait acheter entre 15 et 25 C300, des appareils de 120 à 145 places. «C'est un bon avion, parfait pour nos liaisons situées à moins de trois heures de vol de Doha. Quand il volera, ce sera une belle reconnaissance pour l'aéronautique canadienne.»

Parmi ses 98 avions, Qatar Airways compte quatre appareils de Bombardier : deux Challenger 605, un Global Express XRS et un Global 5000. Elle a déjà commandé un autre Challenger 605 et un autre Global 5000.

Attaques contre Air Canada

Le patron de Qatar Airways a profité de sa présence à Montréal pour égratigner Air Canada, plusieurs fois plutôt qu'une. Qatar Airways offre à partir de cette semaine trois liaisons hebdomadaires Montréal-Doha, mais elle a eu beaucoup de difficulté à obtenir les autorisations du gouvernement pour atterrir au Canada. M. Al Baker soutient qu'Air Canada a tout fait pour mettre les bâtons dans les roues de Qatar Airways et Emirates. Et il accuse le gouvernement de servir Air Canada au lieu du public canadien. «Pourtant, l'absence de compétition nuit à la fois aux passagers et à Air Canada», avance M. Al Baker.

Un journaliste a rappelé à M. Baker quelques-uns des arguments d'Air Canada dans sa bataille pour contrer la venue des deux transporteurs du Golfe Persique. Air Canada affirme que la concurrence des Qatar Airways et Emirates (Dubaï) ne serait pas équitable, en raison «des subventions pratiquement illimitées et au soutien qu'ils reçoivent de leur gouvernement respectif», de même que des taxes et autres frais aéroportuaires beaucoup plus faibles dans les pays du Golfe.

«Bullshit ! a répondu M. Al Baker, qui évite la langue de bois et les réponses vides. Il a signalé que les autres transporteurs ne paient pas beaucoup de taxes non plus quand ils fréquentent l'aéroport de Doha. Il a aussi nié que Qatar Airways soit contrôlée par l'État, qui détient 50 % des parts de l'entreprise. Enfin, il a rappelé que les grandes sociétés aériennes (Air France, British Airways, Air Canada) ont été contrôlées pendant un certain temps par leur gouvernement. «Notre société n'a que 14 ans d'existence», a rappelé M. Baker.

Qatar souhaiterait établir une liaison quotidienne à Montréal s'il en obtenait le droit. Il ouvrirait aussi des liaisons «demain matin» dans deux autres villes canadiennes si le gouvernement augmentait le nombre de vols permis.

Qatar Airways a connu une croissance exceptionnelle depuis sa fondation. Montréal est déjà la 103e destination de la société, qui veut établir Doha comme une plaque tournante du transport aérien. Le Qatar y construit d'ailleurs un tout nouvel aéroport, sur un énorme terrain pris sur la mer. La première phase, à quelques pas de l'aéroport actuel, coûtera 15 milliards. L'aérogare aura une capacité annuelle de 24 millions de passagers, puis de 50 millions en 2015, une fois la deuxième phase complétée.

Qatar Airways pourrait entrer en Bourse en 2012, a indiqué son président. Mais rien n'est coulé dans le béton pour l'instant.