Un contrat majeur est en voie d'échapper à Bombardier Transport (T.BBD.B) au Royaume-Uni.

La ministre britannique du Rail, Theresa Villiers, a annoncé hier que Londres avait choisi un consortium dirigé par l'entreprise allemande Siemens comme soumissionnaire privilégié pour la fabrication de 1200 voitures de train de banlieue pour le réseau Thameslink.

«Le choix de Siemens représente le meilleur rapport qualité-prix pour les contribuables», a fait valoir Mme Villiers par voie de communiqué.

La fabrication des 1200 voitures, un projet de 2,4 milliards de dollars, fait partie d'un vaste programme de modernisation du réseau Thameslink d'une valeur totale de 9,5 milliards de dollars.

Bombardier a perdu un autre contrat de plusieurs milliards de dollars au Royaume-Uni en février 2009, l'Intercity Express, remporté par Hitachi.

Selon l'analyste Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, ce deuxième revers vient remettre en question l'avenir de la seule usine de fabrication de matériel roulant de Bombardier au Royaume-Uni, à Derby.

«Nous nous attendons à ce que Bombardier revoie ses activités à Derby, où elle emploie environ 3000 personnes, compte tenu de la perte des contrats de Thameslink et d'Intercity Express et compte tenu que ses contrats actuels sont en voie d'être complétés», écrit-il dans une note de recherche.

À l'heure actuelle, l'usine de Derby construit des voitures pour le métro de Londres, des trains Electrostar pour le National Express East Anglia et des trains Turbostar pour Chiltern and London Midland. Ces travaux devraient cependant se terminer vers la fin de 2011.

«Pour l'instant, il y a beaucoup de travail à Derby, a affirmé le porte-parole de Bombardier Transport, Marc Laforge, en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Nous ne nous prononçons pas sur la suite des choses à Derby puisque le processus n'est pas terminé.»

Au cours des prochains mois, le ministère des Transports négociera avec Siemens pour finaliser une entente. Si ces négociations échouent, il se tournera alors vers le «soumissionnaire en réserve», le consortium dirigé par Bombardier.

«D'ici à ce que ce soit terminé, nous sommes liés par une clause de confidentialité, a déclaré M. Laforge. Nous allons donc attendre.»

Il a admis que Bombardier Transport était déçue de la décision du ministère des Transports.

«Nous aimerions tous les gagner», a-t-il soupiré.

Des citoyens en colère

À Derby, la décision a eu l'effet d'une bombe hier. Sur le site internet du journal Derbyshire, les commentaires se sont fait acerbes. Plusieurs citoyens se sont demandé comment l'offre de Siemens pouvait représenter un meilleur rapport qualité-prix pour le contribuable alors que des milliers de travailleurs risquent de perdre leur emploi et de se retrouver aux crochets de l'État.

Siemens devrait assembler les voitures en Allemagne. Elle devrait faire fabriquer certains composantes au Royaume-Uni, ce qui devrait créer 600 emplois.

L'action de catégorie B de Bombardier a clôturé à 6,88$ à la Bourse de Toronto hier, soit au même niveau que la veille.