Paralysée par une querelle interne depuis deux semaines, l'administration de l'Aéroport de Saint-Hubert pourra reprendre ses activités lundi. Mais la Cour supérieure lui a ordonné vendredi de mettre sur la glace une réforme qui a été vertement contestée par des entreprises d'aviation.

Les entreprises s'étaient adressées au tribunal pour obliger DASH-L, l'organisme à but non lucratif qui gère l'aéroport, à renoncer à une réforme administrative controversée. Il s'agit, selon elles, d'un stratagème pour les évincer de la direction de cette infrastructure névralgique de la Rive-Sud.

Elles allèguent aussi qu'il s'agit d'une tentative déguisée de la Ville de Longueuil de prendre le contrôle de l'aéroport.

La direction de DASH-L souhaite exclure les élus et les entrepreneurs de son conseil d'administration. Son projet vise aussi à modifier le règlement interne pour abolir le statut de «membre corporatif», qui confère une grande influence aux compagnies lors des assemblées annuelles de l'organisme.

La réforme a été proposée par l'un des cinq représentants de la Ville de Longueuil au conseil d'administration.

Furieuses, des entreprises ont demandé au tribunal de suspendre le conseil d'administration. Une rencontre qui devait avoir lieu fin mai a été reportée à lundi. Et l'assemblée annuelle des membres, prévue en juin, a été annulée.

La demande d'injonction a été débattue au palais de justice de Longueuil, vendredi. Et en soirée, la juge Lucie Fournier a tranché: le conseil pourra se réunir lundi, tel que prévu. Mais les entreprises pourraient subir un «préjudice irréparable» si la réforme était adoptée. Elle ordonne donc qu'elle soit retirée de l'ordre du jour.

«Si on avait pu participer à l'élaboration d'une nouvelle gouvernance, on ne serait pas ici, a dénoncé la femme d'affaires Josée Prud'homme, qui siège au conseil de DASH-L. Mais tout se fait en catimini, sans qu'on soit mis au courant, et on se fait mettre devant un fait accompli.»

La direction de DASH-L se dit victime d'une «poursuite bâillon» et accuse les entreprises de vouloir déstabiliser l'organisme. Son avocat a plaidé que la requête est prématurée, d'autant plus que les entreprises auraient la chance de contester la réforme lors de l'assemblée annuelle des membres.

La cause sera entendue sur le fond dans les prochaines semaines.

Querelle de longue date

Des entreprises établies à l'aéroport de Saint-Hubert et DASH-L sont à couteaux tirés depuis des mois. La tension a monté d'un cran l'an dernier après que la direction eut adopté un règlement qui limite les heures de décollage et d'atterrissage des avions, dans la foulée de la controverse sur le bruit.

Des écoles de pilotage ont contesté cette mesure devant les tribunaux. L'affaire est toujours devant la Cour d'appel.