Une querelle interne paralyse la gestion de l'aéroport de Saint-Hubert, qui a fait l'objet de nombreuses plaintes en raison du bruit au cours des derniers mois. Des entreprises d'aviation qui ont investi des dizaines de millions de dollars dans leurs installations craignent d'être évincées de l'organisme qui administre cette vaste infrastructure. Si bien qu'elles se sont adressées aux tribunaux pour stopper une réforme administrative.

Le conseil d'administration de DASH-L, organisme à but non lucratif qui gère l'aéroport, devait se réunir la semaine dernière pour adopter une réforme de sa gouvernance. Mais cette rencontre a été reportée après que des entreprises d'aviation eurent déposé une requête en Cour supérieure pour faire bloquer le projet. La cause sera entendue la semaine prochaine.

L'assemblée annuelle des membres de l'organisme était prévue le 15 juin. Elle a été reportée, elle aussi.

Le conseil de DASH-L comporte cinq élus de l'agglomération de Longueuil, quatre représentants de la Chambre de commerce et d'industrie de la Rive-Sud, et deux administrateurs désignés par une assemblée des membres. Règle générale, ces membres sont des entreprises ayant des intérêts dans l'aéroport, et elles désignent leurs représentants.

La réforme proposée aurait pour effet d'exclure les entrepreneurs du conseil d'administration. Elle exclurait aussi les élus municipaux, mais les trois entreprises qui se sont adressées à la Cour affirment qu'il s'agit d'une tentative déguisée de la Ville de Longueuil de prendre le contrôle de l'aéroport.

Les écoles de pilotage Cargair et Max Aviation, ainsi que le transporteur régional Pascan Aviation, qualifient la réforme d'«abusive» et «illégale». Ces entreprises affirment qu'elles ont investi 45 millions de dollars dans leurs installations et qu'elles se verraient privées de leur mot à dire dans la gestion de l'aéroport.

«La prise de contrôle de la défenderesse DASH-L par la Ville de Longueuil, sa «municipalisation», se ferait au détriment des membres usagers de l'aéroport de Saint-Hubert et des importants investissements qu'ils y ont faits, étant donné les intérêts manifestement divergents des autorités municipales qui semblent plus intéressées par les terrains composant l'aéroport de Saint-Hubert que par l'exploitation de l'aéroport lui-même», peut-on lire dans la requête.

Ils demandent à la Cour de stopper la réforme administrative, et de suspendre les pouvoirs de deux membres du conseil d'administration, soit le président de DASH-L, Pierre-Hugues Miller, et Guy Benedetti, directeur général de la Ville de Longueuil.

Bisbille de longue date

Des entreprises de l'aéroport de Saint-Hubert et DASH-L sont à couteaux tirés depuis des mois. La mairesse de Longueuil, Caroline St-Hilaire, a été élue en novembre 2009 sur la promesse de s'attaquer au problème de bruit qui irrite plusieurs citoyens dans le secteur. Quelques mois plus tard, elle a mandaté le spécialiste des relations publiques Steve Flanagan pour tenir une consultation sur le dossier.

Quelques semaines après le dépôt de son rapport, DASH-L a décidé de limiter les heures de décollage et d'atterrissage des avions. Des écoles de pilotage ont contesté le règlement devant les tribunaux, et obtenu une injonction qui suspendait son application. L'affaire est maintenant devant la Cour d'appel.

DASH-L a préféré ne pas faire de commentaires sur cette nouvelle requête en cour, hier, puisque le dossier se trouve devant les tribunaux. L'organisme doit produire un document qui détaille sa position la semaine prochaine.