Une petite partie des milliards de dollars que la Floride a perdus en abandonnant son projet de train à grande vitesse se transformeront bientôt en locomotives et en voitures de passagers. Bombardier aimerait bien pouvoir les construire à son usine de Plattsburgh.

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Dans le cadre du plan du président Barack Obama pour implanter les trains à grande vitesse aux États-Unis, Washington avait alloué 2,4 milliards de dollars à la Floride pour lancer la construction d'une liaison à grande vitesse entre Tampa et Orlando. Il s'agissait d'ailleurs du projet le plus avancé de tout le pays. Toutefois, un nouveau gouverneur républicain, Rick Scott, a annulé le projet quelques semaines à peine après son arrivée au pouvoir, en février dernier. Il voulait conserver cette somme pour des projets d'infrastructures routières et portuaires, mais le secrétaire des Transports, Ray LaHood, a plutôt décidé de redistribuer les milliards aux États intéressés.

Pas moins de 24 États ont proposé une centaine de projets différents pour utiliser ces fonds. Lundi dernier, l'administration américaine a choisi de redistribuer 2 milliards de dollars dans 15 États pour 22 projets différents. Il s'agit essentiellement de projets de conception d'infrastructures et d'amélioration d'infrastructures existantes.

Toutefois, un projet porte sur l'acquisition de matériel roulant, dans le but de fournir «des véhicules pour le transport de passagers, sécuritaires et fiables, construits aux États-Unis, permettant ainsi de donner un nouvel élan à l'industrie manufacturière américaine». Washington versera ainsi 268 millions pour faire l'acquisition de 7 locomotives et 48 voitures qui parcourront des États du Midwest, soit l'Illinois, l'Indiana, l'Iowa, le Michigan et le Missouri. Washington versera également 68 millions pour 4 locomotives et 15 voitures en Californie.

«Jusqu'à maintenant, on parlait surtout de projets d'études, d'infrastructures, a noté le porte-parole de Bombardier Transport, Marc Laforge. Ça devient intéressant de parler d'équipement.»

Peu d'information

Il a toutefois indiqué qu'on en savait encore peu sur le matériel roulant en question. S'agira-t-il de voitures multiniveaux? De voitures à niveau simple? De locomotives diesel? Électriques? Hybrides?

«Dans tous les cas, nous sommes à même de les fournir, a déclaré M. Laforge. Nous avons le portefeuille de produits ferroviaires le plus étendu de toute l'industrie. Nous avons de bonnes chances. Nous avons hâte de voir les appels d'offres.»

L'administration américaine s'attend à ce que le manufacturier qui obtiendra les contrats pour les locomotives et les voitures les assemblera aux États-Unis. Bombardier a justement établi une usine à Plattsburgh, dans l'État de New York, pour respecter de telles exigences. Bombardier y assemble actuellement des voitures pour le métro de Chicago et des voitures multiniveaux pour les trains de banlieue du New Jersey.

Les nouvelles voitures et locomotives ne serviront probablement pas pour des liaisons à grande vitesse parce qu'il n'y a pas encore de telles liaisons en Californie et dans le Midwest. À l'heure actuelle, il n'y a qu'un seul train à grande vitesse aux États-Unis, l'Acela, qui relie Boston à Washington en passant par New York. Il ne s'agit toutefois pas d'un train à très haute vitesse comme on en retrouve en France ou au Japon.

Washington a cependant annoncé qu'une grande partie des fonds qui étaient destinés à la Floride, soit 795 millions, seront investis dans le couloir du nord-est des États-Unis, une région que dessert l'Acela et d'autres trains moins rapides. Ces investissements devraient notamment permettre d'augmenter la vitesse sur certains tronçons fortement utilisés.

La région du Midwest recevra 404 millions pour augmenter la vitesse des trains entre Detroit et Chicago. Pour sa part, la Californie, qui planche sur un gigantesque projet de train à grande vitesse entre Sacramento, San Francisco, Los Angeles et San Diego, recevra 300 millions. Jusqu'ici, le projet californien a obtenu 3,5 milliards du gouvernement fédéral, soit 40% de tous les fonds offerts par Washington dans le cadre du projet du président Obama.