Une entente stratégique conclue entre Bombardier et l'avionneur chinois AVIC I en 2007 n'a pas rempli toutes ses promesses.

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Par contre, elle a posé les fondations de la nouvelle entente stratégique conclue il y a quelques semaines entre Bombardier et le géant chinois COMAC, a fait valoir le vice-président aux affaires internationales de Bombardier Avions commerciaux, Benjamin Boehm, au cours d'une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires à partir de la Chine.

«Les relations que nous avions établies avec les gens d'AVIC I ont pu être transférées à COMAC, a-t-il déclaré. Ça nous a donné une bonne base.»

C'est au cours du salon aéronautique du Bourget, en 2007, que Bombardier Aéronautique et AVIC I (China Aviation Industry Corporation) ont annoncé une grande entente de coopération stratégique à long terme.

Cette entente comprenait deux grands aspects. En premier lieu, Bombardier devait participer à la conception d'un futur biréacteur régional de 105 places d'AVIC I, l'ARJ21-900, avec un investissement de 100 millions de dollars US et une assistance technique et commerciale. De son côté, AVIC I s'engageait à investir 400 millions en recherche et développement et en équipement pour la fabrication du fuselage de la CSeries.

C'est la partie de l'entente qui s'est effectivement réalisée, même si AVIC I a toujours refusé de révéler le total exact de son investissement. C'est une filiale d'AVIC I, Shenyang Aircraft Corporation (SAC), qui conçoit et fabrique le fuselage central et les portes de la CSeries.

L'autre aspect de l'entente ne s'est jamais réalisé. M. Boehm a expliqué qu'à l'époque, AVIC I mettait toutes ses énergies sur l'ARJ21-700, un biréacteur régional de 70 à 90 places dont la mise au point était alors beaucoup plus avancée que celle de l'ARJ21-900. Par la suite, l'industrie aéronautique chinoise a connu une série de bouleversements qui ont contribué à reléguer le projet d'ARJ21-900 à l'arrière-plan: les sociétés AVIC I et AVIC II ont fusionné leurs activités et ont créé COMAC (Commercial Aircraft Corporation of China) avec d'autres grandes sociétés et l'État chinois. COMAC a alors mis l'accent sur un nouvel appareil, le C919, un avion de 168 à 190 places qui entrera directement en concurrence avec les appareils d'Airbus et de Boeing. COMAC a continué à travailler sur l'ARJ21-700, mais ce programme a connu plusieurs retards et l'entrée en service a été remise à la fin de 2011.

«Ce n'était jamais le bon moment pour commencer à travailler sur l'ARJ21-900», a déclaré M. Boehm.

Synergie entre la CSeries et le C919

Le 24 mars dernier, Bombardier a annoncé la conclusion d'une entente stratégique avec COMAC. Il n'est plus question de l'ARJ21-900, mais de coopération sur la CSeries et le C919 et d'une collaboration sur les «futures gammes de produits de Bombardier et de COMAC».

«Le cadre de la nouvelle entente avec COMAC a été inspiré de l'entente avec AVIC I», a affirmé M. Boehm.

Cette première entente parlait de synergies entre la CSeries et l'ARJ21-900. On parle maintenant de synergies entre la CSeries et le C919, notamment pour la mise en marché, l'approvisionnement et le service à la clientèle.

Les partenaires n'ont cependant pas encore commencé à discuter des «futures gammes de produits».

«Nous parlons de trois avions: l'ARJ21-700, la CSeries et le C919, a déclaré M. Boehm. À l'avenir, nous pourrons voir si nous faisons une version allongée ou raccourcie de l'un ou de l'autre.»

L'idée centrale de l'entente est évidemment de mieux contrer la concurrence.

«Il ne s'agit pas seulement d'Airbus et de Boeing, mais d'Embraer, de Mitsubishi et de Sukhoi, a indiqué M. Boehm. Le fait de travailler ensemble nous donnera un avantage.»