Des robots pour assembler le fuselage de la CSeries, des chaînes de montage et d'assemblage mobiles à Mirabel et à Saint-Laurent, des procédés de planification imposés aux fournisseurs: Bombardier (T.BBD.B) prend des leçons de l'industrie automobile pour la construction de sa nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places.

> Suivez Marie Tison sur Twitter

Ce n'est pas vraiment étonnant. Le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, a travaillé pendant près de 30 ans dans l'industrie automobile. Il a notamment dirigé d'importantes divisions de Delphi Corporation, qui s'était détachée de GM en 1999.

Dans une entrevue avec La Presse Affaires peu de temps après son arrivée à la tête de Bombardier Aéronautique, en juillet 2008, M. Hachey avait constaté que l'industrie aéronautique avait des années de retard sur le secteur automobile au chapitre de l'efficacité opérationnelle.

«Chez Bombardier, nous avons une bonne base, mais il y a encore beaucoup à apprendre», avait-il affirmé.

Il entendait notamment revoir la configuration des usines. C'est effectivement ce qui s'est passé à l'usine de Saint-Laurent, où Bombardier fabriquera le poste de pilotage et le fuselage arrière de la CSeries. Après avoir rénové plus de 9000 mètres carrés, l'avionneur est présentement en train d'y installer une chaîne de montage mobile entièrement automatisée.

Agrandissement à Mirabel

Bombardier a également entrepris de doubler son complexe de Mirabel pour la faire passer à 80 000 mètres carrés. Les installations comprendront notamment des locaux pour les fournisseurs, des zones d'assemblage, une zone d'essais pré-vol, des ateliers de peinture et un centre de livraison et d'administration. La zone d'assemblage comprendra une chaîne mobile automatisée.

À l'heure actuelle, Bombardier fabrique ses appareils sur un certain nombre de positions statiques préétablies. Les employés effectuent des tâches sur une composante, puis celle-ci est transférée à une autre position où des employés effectuent une autre série de tâches.

«Pour la CSeries, nous aurons des positions d'assemblage comme cela pour les gros morceaux, comme l'assemblage du fuselage et de l'aile, mais quand l'avion sera complet, il sera placé sur une chaîne mobile pour une portion des tests et pour l'installation des intérieurs, a déclaré le vice-président à la production de la CSeries, François Minville, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Cela s'inspire beaucoup de l'automobile.»

Peu d'avionneurs ont adopté cette façon de faire jusqu'ici. Boeing utilise notamment ce procédé pour le 737.

La zone d'assemblage de la CSeries à Mirabel comptera également deux paires de robots pour forer des trous, appliquer du scellant et installer des attaches pour raccorder les sections du fuselage de l'appareil.

«L'utilisation des robots représente des avantages sur le plan de l'ergonomie et de la qualité», a affirmé M. Minville.

Il a expliqué que le fuselage de la CSeries avait un diamètre de 3,7 mètres, ce qui en fait le plus gros fuselage assemblé par Bombardier. Les robots peuvent travailler sur le dessus, sur les côtés et en dessous d'un avion sans problèmes, alors que les travailleurs doivent travailler dans des positions parfois inconfortables.

Les robots peuvent également effectuer des tâches précises et répétitives sans fatigue.

«Quand l'appareil est bien calibré, ça élimine le risque humain», a soutenu M. Minville.

Il a affirmé que les robots n'éliminaient pas tout travail humain.

«Il y a quelqu'un à l'intérieur du fuselage pour poser le collet, a-t-il déclaré. Ce n'est pas comme dans l'automobile, où les robots vont monter l'auto tous seuls.»

Les fournisseurs aussi

Bombardier s'est également inspiré de l'automobile pour imposer à ses fournisseurs des procédés de planification de qualité et de logistique. Il s'agit de vérifier les risques qui pourraient affecter la qualité des pièces ou les délais de livraison, comme la disponibilité de la matière première ou des équipements, et d'adopter des rectificatifs au besoin.

«Airbus et Boeing ont commencé des embryons de déploiement d'outils comme ça, alors que nous voulons déployer ces outils chez tous nos fournisseurs», a déclaré M. Minville.