Une entente stratégique conclue entre Bombardier (T.BBD.B) et le géant chinois de l'aéronautique COMAC pourrait permettre à la CSeries de prendre son envol en Chine.

«Nous sommes convaincus que cette collaboration générera des résultats positifs tant pour le programme d'avions C919 que pour celui de la CSeries», a déclaré le président et chef de la direction de Bombardier, Pierre Beaudoin, par voie de communiqué.

M. Beaudoin a procédé à la signature de l'entente-cadre hier à Shanghai, en compagnie du président de COMAC (Commercial Aircraft Corporation of China), Zhang Qingwei.

COMAC est présentement en train de mettre au point le C919, un appareil de 168 à 190 places qui entrera directement en concurrence avec le Boeing 737 et l'Airbus A320. Cet avion, qui devrait entrer en service en 2016, ne concurrencera pas la CSeries de Bombardier, une nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places.

«Ce sont des avions complémentaires», a soutenu la porte-parole de Bombardier Aéronautique, Haley Dunne.

En vertu de l'entente-cadre, Bombardier et COMAC entendent établir une collaboration au sujet des stratégies de marketing des deux appareils, des relations avec la clientèle et de l'approvisionnement. Les partenaires espèrent ainsi accroître leurs parts de marché respectives tant dans les pays émergents que dans les pays développés.

«Nous croyons que cette entente améliore la position de Bombardier sur le marché chinois, a écrit Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, dans un rapport d'analyse. Selon les prévisions de Boeing, le marché chinois représentera 14% des livraisons mondiales d'ici 2029.»

L'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, croit également que toute augmentation de la présence de Bombardier en Chine augure bien pour la vente de la CSeries dans ce pays.

«Il faut se rappeler qu'au début du mois, Bombardier a signé une lettre d'entente avec la société chinoise de crédit-bail ICBC Financiel Leasing Co., a-t-il écrit. En vertu de cette entente, ICBC pourra fournir des capitaux de 8 milliards US aux clients de la CSeries et d'autres appareils de Bombardier. Nous nous attendons à ce que des transporteurs chinois fassent l'acquisition de la CSeries.»

Il y a un an, Bombardier avait signé une lettre d'entente similaire avec une autre société chinoise de crédit-bail, CDB Leasing Co, pour un financement de 3,85 milliards US.

Le grand concurrent brésilien de Bombardier n'a cependant pas l'intention de se laisser damer le pion en Chine. Embraer a annoncé hier la signature d'une lettre d'entente avec la société chinoise de crédit-bail ABC au sujet de capitaux de 1,5 milliard US. En novembre, l'avionneur brésilien avait conclu une première entente avec la société chinoise AVIC Leasing pour des capitaux de 1,5 milliard US.

L'entente stratégique conclue avec COMAC va bien au-delà de la mise en marché de la CSeries et du C919. En vertu de cette entente, Bombardier et COMAC pourraient collaborer à la mise au point de nouvelles gammes d'appareils. Bombardier n'a pas voulu spécifier le type d'appareils qui pourraient résulter de cette coopération, mais les analystes ont déjà leur petite idée.

«Ce pourrait être la voie que Bombardier pourrait choisir pour le remplacement futur de sa famille de biréacteurs régionaux CRJ, a avancé M. Doerksen. De plus, cette entente réduit la probabilité que COMAC entre directement en concurrence avec Bombardier dans le futur.»

En 2007, Bombardier et l'avionneur chinois AVIC I avaient signé une lettre d'entente dans laquelle l'avionneur montréalais s'engageait à investir dans la mise au point du nouveau biréacteur régional d'AVIC 1, l'ARJ21. Depuis, AVIC I s'est fondu dans COMAC et la mise au point de l'ARJ21 a connu plusieurs ratés. L'appareil n'est pas encore entré en service.

Mme Dunne a affirmé qu'au début du mois, Bombardier avait signé une «entente de consultation» avec COMAC au sujet de l'ARJ21. Elle a également soutenu que l'entente stratégique conclue hier avec COMAC ne visait «pas vraiment» le remplacement du CRJ.

«Ça porte plutôt sur la possibilité de collaborer sur de nouveaux produits», a-t-elle déclaré.

De son côté, M. Beaudoin a parlé de projets «qui seraient mutuellement avantageux».