Une congestion cauchemardesque s'annonce dans la région de Montréal avec la rénovation de l'échangeur Turcot, de l'échangeur Saint-Pierre et du tunnel Ville-Marie, sans parler du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. S'il s'agit d'une vision d'horreur pour les automobilistes, c'est une occasion en or pour le Groupe Orléans Express, qui veut accroître sa présence dans les transports en commun au Québec.

«Ces problèmes de congestion vont contribuer à ce que les gens utilisent davantage les transports en commun, mais à la condition qu'on puisse mettre en place des solutions intéressantes pour les usagers, affirme le président et chef de la direction de Groupe Orléans Express, Sylvain Langis, au cours d'une entrevue avec La Presse Affaires. On n'attire par les clients avec de vieux bus malpropres, et si on met en place une fréquence toutes les deux heures, on est aussi bien de ne pas en offrir du tout.»

À son avis, les transports en commun offriront de grandes possibilités aux acteurs de l'industrie au cours des prochaines années au Québec. Ces occasions se présentent alors que l'industrie québécoise des transports en commun subit les répercussions des grandes manoeuvres des sociétés mères en Europe.

La semaine dernière, deux acteurs français majeurs des transports en commun, Veolia Transport et Transdev, ont fusionné leurs activités pour créer un géant de 13 milliards de dollars US.

Cette transaction a des impacts au Québec: Veolia dessert notamment Saint-Jean-sur-Richelieu, Sainte-Julie et les réseaux du conseil intermunicipal de transport (CIT) de Chambly-Richelieu-Carignan. De son côté, Transdev fait la liaison Montréal-Sherbrooke par l'entremise de sa filiale Limocar et dessert quatre CIT de la couronne de Montréal.

«Ce que nous souhaitons d'abord, c'est de réussir la fusion de nos activités au Québec afin d'avoir une base solide pour poursuivre notre progression au Québec et, plus tard, dans d'autres provinces canadiennes», déclare le directeur général adjoint de Veolia Transdev pour le Canada, Yves Wininger, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Affaires.

Il assure que cette fusion ne devrait pas occasionner de pertes d'emplois au Québec.

«Nous avons des activités très opérationnelles, explique-t-il. Nous avons besoin de conducteurs, de gens de maintenance.»

À l'heure actuelle, Veolia Transdev compte plus de 1100 employés au Québec et exploite plus de 800 véhicules.

Appels d'offres

L'autre grand acteur français des transports en commun, Keolis, filiale de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF), détient une participation de 75% dans le Groupe Orléans Express.

«Keolis a longtemps été le premier opérateur de services de transports délégués en France, note M. Langis. Avec la fusion Veolia-Transdev, on pense qu'on vient de se faire enlever ce titre-là.»

Keolis veut donc accélérer son expansion à l'échelle internationale. Au Canada, le Groupe Orléans Express compte 800 employés et 375 véhicules.

«On parle d'acquisitions, mais aussi de réponses à des appels d'offres, qui peuvent être dans le transport par autobus, qui est notre activité principale, mais on peut aller plus loin, comme l'exploitation de trains de banlieue, de la navette aéroportuaire ou de tramways», indique M. Langis.

Il croit qu'avec la création du géant Veolia Transdev, les CIT pourraient avoir davantage recours à des processus d'appel d'offres au moment du renouvellement des contrats. Jusqu'ici, beaucoup de CIT ont privilégié la négociation de gré à gré.

«Ce sera à nous de jouer nos cartes pour essayer de gagner ces appels d'offres», lance-t-il.

Il explique que les appels d'offres ne se gagnent pas uniquement sur le plan du prix, mais de la qualité du service ou des innovations en matière de perception ou d'informations transmises aux passagers.

«Les exigences des appels d'offres sont de plus en plus raffinées, déclare M. Langis. Ça peut nous donner un avantage parce que chez Keolis, nous avons accès à des systèmes que nous pouvons mettre en place rapidement.»

Veolia Transdev n'a cependant pas l'intention de se laisser damer le pion au Québec, que ce soit pour les liaisons en autobus ou l'exploitation de trains de banlieue et de tramways.

«Avec la fusion, nous offrons notamment une capacité supplémentaire en matière d'innovation et de recherche et développement, soutient M. Wininger. Le fait d'être plus gros nous permet d'être plus forts.»