L'atmosphère est à la colère et l'inquiétude au sein des effectifs d'Aveos, la société qui assure l'entretien des avions d'Air Canada (T.AC.B).

Les 3200 syndiqués ont une décision cruciale à prendre au sujet de leur avenir, mais ils estiment qu'ils n'ont pas toutes les informations nécessaires pour se prononcer.

Aveos est le nouveau nom que porte les Services techniques Air Canada (ACTS), la filiale du transporteur qui assurait la maintenance en ligne des appareils (soit l'entretien léger) et la maintenance des cellules, des moteurs et des composants (un entretien lourd qui comprend le démontage de parties de l'appareil). À la suite de la restructuration d'Air Canada en 2004, ACTS a été divisée en deux: Air Canada a conservé la maintenance en ligne et ACTS est devenue une filiale distincte. Celle-ci s'est retrouvée sous le contrôle de Gestion ACE avant de commencer à voler de ses propres ailes en 2007. Aveos a toutefois fait face à de sérieux problèmes financiers et a procédé à une importante recapitalisation en janvier 2010.

Les travailleurs d'Aveos sont demeurés des employés d'Air Canada, mais au début de 2011, un comité du Conseil canadien des relations industrielles a statué qu'Aveos était un employeur distinct. Par conséquent, il faudra répartir les employés entre ceux qui font la maintenance légère (et qui resteront avec Air Canada) et les autres. Les syndiqués pourront faire un choix en fonction de leur ancienneté.

Le problème, c'est que la plupart veulent demeurer avec Air Canada. Or, le transporteur ne veut pas dire combien d'employés il conservera. Les syndiqués ne peuvent donc pas savoir s'ils se retrouveront tout au bas de la liste d'ancienneté d'Air Canada. Ils ne sont pas non plus en mesure de voir si un départ à la retraite ne serait pas plus approprié.

«On demande aux employés de prendre une décision cruciale sur la suite de leur carrière sans avoir tous les éléments en main», a déploré le président de la section locale 1751 de l'Association international des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA), Marcel St-Jean, en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires.

Il a affirmé que la plupart des syndiqués ne faisaient pas confiance à Aveos, notamment en raison de ses récents problèmes financiers.

«La situation financière d'Aveos est solide, a toutefois répliqué le directeur des communications d'Aveos, Michael Kuhn, lors d'un entretien téléphonique. Nous avons réduit notre dette de 800 millions à 75 millions de dollars.»

Il a aussi fait valoir qu'Air Canada et Aveos offraient en fait sept options aux employés, certaines offrant la possibilité de revenir chez Aveos après être passé chez Air Canada.

Un autre éléments inquiète les syndiqués. Aveos a fait l'acquisition d'une entreprise de maintenance lourde au Salvador, qui compte maintenant 1500 employés. Les syndiqués canadiens craignent de voir Air Canada prendre le chemin du sud pour effectuer la maintenance lourde de ses appareils.

«Contrairement aux fausses rumeurs qui ont circulé, Air Canada n'a pas l'intention de confier des travaux de maintenance des cellules à Aeroman», soutient toutefois le transporteur sur son site internet.

Cette déclaration n'a pas rassuré les syndiqués. L'AIMTA a notamment rencontré un comité parlementaire la semaine dernière pour rappeler qu'en vertu de la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada, le transporteur s'engageait à maintenir des centres d'entretien à Winnipeg, Mississauga et Montréal.

Les syndiqués ont jusqu'au 14 avril pour se brancher. M. St-Jean a affirmé que 65 % de ceux qui s'étaient prononcés jusqu'à maintenant avaient opté pour Air Canada.