Après une année 2010 florissante, 2011 s'annonce plus sombre pour le secteur aérien qui devrait voir ses bénéfices divisés par deux en raison de l'envolée des prix du pétrole, selon les prévisions de l'Association internationale du transport aérien (IATA) publiées mercredi.

Mettant en cause l'instabilité au Moyen-Orient et en Afrique du nord qui a fait exploser ces dernières semaines les cours du brut, l'IATA a revu à la baisse ses prévisions annuelles pour les compagnies aériennes.

Elle table désormais sur des bénéfices de 8,6 milliards US pour le secteur contre 9,1 milliards US annoncés en décembre.

Ce nouveau chiffre correspond à «une chute de 46% du bénéfice net comparé aux 16 milliards US engrangés par le secteur en 2010», s'est inquiétée l'association qui représente près de 230 compagnies aériennes assurant 93% du trafic commercial.

La prévision pour le chiffre d'affaires a été également légèrement abaissée à 594 milliards US. Quant à la marge opérationnelle, elle devrait être très basse à 1,4%.

«Le plus gros changement dans nos prévisions est le prix du pétrole», a commenté le directeur général de l'association dont le siège est à Genève, Giovanni Bisignani.

Il a fait valoir que les soulèvements politiques au Moyen-Orient avaient fait grimper le pétrole à plus de 100$ US le baril, soit nettement plus que les 84$ US le baril qui ont servi de base pour les prévisions de décembre de l'IATA.

Alors que le baril de Brent de la Mer du Nord évoluait toujours mercredi au dessus des 116$ US, l'IATA a relevé sa moyenne de référence pour 2011 à 96$ US le baril, soit une hausse de 20% sur un an.

Pour l'association, cette flambée devrait se traduire par une forte augmentation des coûts des compagnies aériennes, dont la note en carburant devrait atteindre 166 milliards US, correspondant à 29% de leur facture globale.

Selon les experts du secteur, elle ne devrait pas manquer de se répercuter également sur les prix des billets, une possibilité que l'association a refusé de commenter, rappelant que ce genre de décision relevait des compagnies.

Malgré cette éventualité, la demande passager devrait bien se porter cette année encore, soutenue par une croissance mondiale dynamique de 3,1%.

Selon l'organisation, la demande passager gagnera ainsi 5,6% contre 5,2% attendus précédemment. Quant à la demande en fret, elle devrait augmenter de 6,1% (contre 5,5% attendus).

Ces progressions ne seront toutefois pas à même de compenser la hausse des coûts, a encore expliqué le patron de l'association prévoyant encore de gros nuages pour le secteur qui commençait à retrouver des couleurs après la crise de 2008.

Aucune région ne devrait être épargnée, même si les transporteurs d'Asie-Pacifique devraient s'en tirer mieux avec un bénéfice de 3,7 milliards US et une marge opérationnelle de 4,6%, trois fois plus élevée que la moyenne du secteur.

En Amérique du Nord, les bénéfices devraient atteindre 3,2 milliards US. Quant à l'Europe, elle reste le maillon faible du secteur avec un profit de 500 millions US, en chute d'environ 65% par rapport à 2010 en raison d'une plus faible reprise économique.

Pour le patron de l'IATA, ces attentes sont à l'image des menaces qui planent sur un secteur qui comptabilise 210 milliards US de dettes. Et en illustre la fragilité.

Il pointe ainsi du doigt la faiblesse «pathétique» de sa marge opérationnelle, qui correspond, selon lui, plus à une donnée d'association caritative que d'une industrie.

«Nous n'avons pas de rempart contre les chocs», a insisté M. Bisignani. «Tout ce qui nous frappe a la capacité de nous faire tomber», a-t-il prévenu.