Le projet de train à haute vitesse en Floride, le plus avancé aux États-Unis, a pris la voie de garage.

La Californie et l'État de New York ont immédiatement réclamé les sommes que Washington prévoyait investir dans ce projet.

La sénatrice démocrate de New York, Kirsten Gillibrand, a notamment suggéré d'utiliser ces fonds pour augmenter la vitesse des trains reliant New York, Albany, Toronto et Montréal.

De son côté, Bombardier n'abandonne pas tout espoir en Floride.

«Il est encore trop tôt pour savoir si c'est vraiment la fin, a déclaré la porte-parole de Bombardier Transport aux États-Unis, Maryanne Roberts, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Affaires. Il y a beaucoup de personnes qui demandent au gouverneur de revoir cette décision.»

Mercredi, le nouveau gouverneur de la Floride, le républicain Rick Scott, a rejeté le projet de train à haute vitesse qui devait relier Tampa à Orlando, affirmant que les prévisions en matière de passagers et de revenus étaient beaucoup trop optimistes. Il a également soutenu qu'en cas de dépassement de coûts, les contribuables de la Floride pourraient hériter d'une note pouvait atteindre 3 milliards de dollars.

Dans une lettre au secrétaire des Transports Ray LaHood, M. Scott a souhaité garder les 2,4 milliards de dollars que Washingont avait prévus pour le projet de train à haute vitesse. Il a suggéré de les investir dans des projets routiers et portuaires qui, selon lui, devraient créer plus d'emplois et avoir des effets économiques plus permanents.

Ray LaHood n'a pas retenu la suggestion.

«Il y a une très grande demande pour des trains à haute vitesse dans d'autres États, qui sont enthousiastes à l'idée de recevoir le financement prévu pour la Floride et de bénéficier de retombées économiques sous forme d'emplois dans les secteurs de la construction et de la fabrication et de développement privé le long des couloirs», a-t-il fait savoir par voie de communiqué.

New York, un grand marché

Mme Gillibrand n'a pas hésité une seconde et a écrit au secrétaire LaHood pour faire valoir que l'État de New York croyait au transport ferroviaire de passagers. Elle a notamment souligné que le nombre de passagers avait augmenté de près de 14% entre Albany et Toronto et de 13% entre Albany et Montréal l'année dernière.

«Faire progresser la grande vitesse dans l'État de New York, qui compte déjà un des couloirs les plus utilisés du pays, permettrait de créer des emplois, de rebâtir l'économie et d'améliorer les liaisons à grande vitesse entre New York, Albany, Toronto et Montréal», a-t-elle écrit dans un communiqué.

Le gouverneur de Californie Jerry Brown, et deux sénatrices démocrates de l'État ont également souhaité mettre la main sur les fonds prévus pour le projet de train à haute vitesse de Floride.

«Les 2 milliards de dollars que la Floride rejette sont les bienvenus ici», a fait savoir le gouverneur Brown.

À l'issue des élections de mi-mandat de novembre dernier, deux gouverneurs nouvellement élus, des républicains, ont annulé les projets de trains rapides dans leur État, l'Ohio et le Wisconsin. Le ministre LaHood a alors redistribué les sommes que Washington devait investir dans ces projets, un total de 1,2 milliard de dollars. La Californie a obtenu la part du lion, soit 624 millions, alors que la Floride devait obtenir 342 millions.

L'American Public Transportation Association a tenu à faire remarquer que si trois États avaient rejeté la grande vitesse, 28 autres États continuaient à mettre en oeuvre des projets de train, soit à grande vitesse, soit à vitesse améliorée.

Selon Maryanne Roberts, il s'agit d'un développement positif pour Bombardier.

«Nous avons des produits dans tous les segments du transport ferroviaire de passagers, a-t-elle rappelé. On ne parle pas uniquement de voitures, mais de locomotives. Nous suivons tous ces projets, et lorsqu'ils auront progressé, nous verrons lesquels sont les plus prometteurs pour nous.»