Pour la première fois de son histoire, le secteur aérien est confronté à une grave pénurie de main-d'oeuvre et pour y faire face, il devra agir rapidement, a soutenu jeudi le secrétaire général de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), Raymond Benjamin.

Devenir pilote ou agent de bord n'est pas une vocation aussi «glamour» qu'il y a quelques décennies, a souligné M. Benjamin à l'issue d'un discours prononcé à la tribune de la Chambre de commerce française au Canada, à Montréal.

Les jeunes sont aujourd'hui plus réfractaires à travailler de longues heures dans des conditions parfois difficiles, a-t-il noté. Le hic, c'est que des dizaines de milliers de pilotes issus de la génération des baby-boomers s'apprêtent à prendre leur retraite.

«Il y a des centaines de milliers d'emplois qui devront être pourvus dans les années à venir à cause de ces départs à la retraite et à cause du manque d'attractivité du métier», a affirmé Raymond Benjamin.

Le manque d'infrastructures de formation complique les choses. Selon une étude récente de l'OACI, il faudra créer 560 000 places de formation au cours des 20 prochaines années: 360 000 pour le personnel d'entretien, 160 000 pour les pilotes et 40 000 pour les contrôleurs aériens.

Pour les transporteurs occidentaux, la situation est d'autant plus difficile qu'ils subissent la concurrence des compagnies aériennes de l'Asie et du Moyen-Orient, qui offrent souvent des salaires plus élevés, a souligné le Français.

«Il y a des endroits où la demande est tellement forte qu'ils aspirent tous ceux qui sont diplômés par d'autres pays», a-t-il relevé.

Les commentaires du dirigeant de l'OACI surviennent alors qu'Air Canada vient d'amorcer les négociations avec ses employés pour le renouvellement des conventions collectives. Les syndicats réclament de bonnes augmentations salariales pour récupérer une partie de ce qu'ils ont perdu au fil des ans, en raison des difficultés financières de l'entreprise.

Fatigue des pilotes

L'OACI s'inquiète également d'une autre conséquence de la situation financière périlleuse des transporteurs aériens: la fatigue des pilotes découlant d'horaires de travail trop chargés. L'organisation onusienne compte resserrer les normes internationales à cet effet.

La question du terrorisme reste évidemment au premier plan des préoccupations de l'OACI. Celle-ci tiendra d'ailleurs à Montréal, l'an prochain, une importante conférence internationale sur la sûreté aérienne.

Fondant beaucoup d'espoir sur l'amélioration des technologies de détection, Raymond Benjamin entrevoit déjà le jour où les passagers n'auront plus à se départir de leurs bouteilles d'eau et de leurs gros tubes de dentifrice avant d'embarquer dans un avion.

Plus tard cette année, a-t-il dit, les passagers en correspondance sur le sol européen pourront placer dans leurs bagages à main des bouteilles d'alcool et de parfum achetées dans les boutiques hors-taxe des aéroports.

Lorsque les équipements adéquats seront au point, il en sera ainsi pour l'ensemble des passagers, et ce, à travers le monde, a indiqué M. Benjamin.