Le Port de Montréal est bien positionné pour profiter de l'élargissement du canal de Panama. Toutefois, il faudra investir pour faire face à la croissance prévue du trafic par conteneurs.

«Nous n'avons pas le choix, nous devons considérer des projets d'expansion», a déclaré la présidente-directrice générale de l'Autorité portuaire de Montréal, Sylvie Vachon, dans un discours prononcé hier devant la chambre de commerce du Montréal métropolitain.

L'agence gouvernementale panaméenne responsable du canal de Panama a entrepris un gigantesque projet d'élargissement du canal afin de lui permettre d'accueillir une nouvelle classe de porte-conteneurs, trop larges pour ses écluses. Le projet de 5,2 milliards de dollars devrait être achevé en 2014.

Mme Vachon a expliqué qu'à l'heure actuelle, la plupart des gros porte-conteneurs en provenance d'Asie utilisaient des centres de transbordement situés dans la Méditerranée pour y transférer la cargaison en direction des Amériques. Avec l'élargissement du canal de Panama, ces grands navires pourront utiliser des centres de transbordement situés dans les Antilles.

«Grâce aux lieux commerciaux substantiels que le Port de Montréal a développés avec les ports des Antilles, comme Freeport aux Bahamas, il sera très bien positionné dans la chaîne globale d'approvisionnement pour bénéficier de ces développements», a déclaré Mme Vachon.

Elle a indiqué que les investissements actuels du port de Montréal et de ses clients permettront de porter la capacité maximale annuelle du port de 1,6 à 2 millions de conteneurs d'ici 2016.

«Toutefois, ce ne sera pas suffisant pour absorber la croissance du trafic par conteneur au cours des années suivantes», a-t-elle ajouté.

Place aux conteneurs

Le Port de Montréal a déjà résolu de changer la vocation de certains de ses terrains, présentement utilisés pour d'autres types de cargo, pour accueillir davantage de conteneurs.

«Une fois que nous aurons ainsi maximisé l'utilisation de nos espaces à Montréal, il y a Contrecoeur, notre site sur la Rive-Sud de Montréal, vers lequel nous devrions prendre de l'expansion le moment venu, a déclaré Mme Vachon. Ce projet pourrait porter à 3 millions de conteneurs la capacité maximale du port de Montréal, soit près du double de la capacité actuelle.»

Mme Vachon a toutefois refusé de définir l'échéancier plus précisément que l'expression «le moment venu». Il faudra notamment voir quel sera le rythme de croissance du trafic au cours des prochaines années.

«Nous avons complété en 2010 des études techniques et nous avons maintenant une description très détaillée de l'organisation physique des lieux et de ce que l'on pourrait y retrouver, a-t-elle indiqué. Mais nous devons encore valider plusieurs paramètres, dont la question du financement, que nous sommes en train d'examiner.»

Le Port de Montréal a été durement frappé par la récession. En 2008, un nombre record de conteneurs avaient transité par le port, soit 1,5 million. En 2009, ce chiffre a plongé sous la barre des 1,3 million. L'année 2010 a été plus encourageante avec une augmentation de 6,1% du nombre de conteneurs, ce qui a permis de repasser en haut de la barre des 1,3 million. Le trafic de conteneurs représente près de la moitié des volumes transitant par le port de Montréal.

Certains ports ont toutefois connu une augmentation plus importante en 2010, comme les ports de New York, de Savannah, en Géorgie, et de Norfolk, en Virginie.

«Certains ports ont peut-être connu une croissance un peu plus rapide, mais il faut voir quelles pertes ils avaient eu, a lancé Mme Vachon hier. Certains avaient perdu plus que nous. Il faut se rappeler qu'au moment de la crise économique, nous étions le port qui avait perdu le moins en ce qui concerne le pourcentage de trafic.»

Comité sur le transport

Mme Vachon a par ailleurs indiqué hier que la Communauté métropolitaine de Montréal lui avait demandé de présider un comité pour étudier la possibilité de créer une grappe industrielle sur la logistique et le transport, sur le même modèle que la grappe aérospatiale.

Selon elle, une telle grappe favoriserait «la naissance de projets porteurs pour la grande région de Montréal».