Lorsque le gouverneur de l'État de Querétaro, José Calzada, reçoit des fabricants étrangers intéressés à s'installer au Mexique, il se fait un plaisir de sortir avec eux de l'immeuble du XVIIIe siècle qui abrite ses bureaux, la Casa de la Corregidora, de marcher sous les arbres de l'élégante Plaza de Armas, sans garde du corps, et d'échanger quelques mots avec les passants.

Il s'agit de montrer aux visiteurs que Querétaro est un endroit sûr, explique le secrétaire du développement durable de l'État de Querétaro, Tonatiuh Salinas, qui raconte l'anecdote.

«Nous voulons envoyer un message au monde, faire savoir que le Mexique n'est pas le pays de la guerre de la drogue, mais le pays de la fabrication de haut niveau», déclare-t-il à La Presse Affaires.

Les autorités gouvernementales ont toutefois du pain sur la planche pour rassurer les investisseurs étrangers. Avec la guerre de la drogue, qui a fait 35 000 victimes en quatre ans, le Mexique a mauvaise réputation. Querétaro, État situé au centre du pays, est toutefois plus sûr que les États du nord du Mexique. Chihuahua, par exemple, a un taux de criminalité particulièrement effrayant: 74 homicides par 100 000 habitants, selon les données les plus récentes. Par comparaison, 5 homicides par 100 000 habitants sont commis à Querétaro, le même taux qu'aux États-Unis.

Bombardier, qui avait notamment considéré Chihuahua et Monterrey avant de choisir Querétaro, il y a plus de cinq ans, se félicite de sa décision.

»L'endroit le plus sûr»

«Nous avons choisi cet endroit notamment parce que c'était le plus sûr, se rappelle Réal Gervais, grand patron de Bombardier Aéronautique au Mexique. C'est encore vrai. Mais nous suivons les points chauds, nous regardons si ça se rapproche. Je ne pense pas que, dans le cadre de la guerre aux narcotrafiquants, on s'attaque à Bombardier, mais il y a toujours un danger de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.»

En dépit de sa sinistre réputation, Chihuahua est un des principaux centres aéronautiques du Mexique, avec des constructeurs importants comme Cessna, Bell Helicopter, Hawker Beechcraft, Honeywell et Lockheed Martin. Le groupe français Safran est également sur place avec sa filiale Labinal, spécialisée dans les faisceaux de câblage électrique pour divers types d'appareils.

«Il y a un problème de sécurité, mais ça n'a pas empêché Labinal de croître, indique Stéphane Lauret, président de Safran Mexico. Labinal a maintenant deux usines à Chihuahua, elle y compte 2000 employés et elle y produira le câblage électrique du Boeing 787. Nous allons rester là. Il y a des mesures de sécurité qui sont prises par l'État et par l'entreprise.» La sécurité entre cependant en ligne de compte dans la réflexion des fournisseurs qui, comme le fabricant québécois de composants Alta Précision, étudient la possibilité de s'installer au Mexique.

«C'est sûr que, quand on fait un budget, il faut mettre un champ pour la sécurité et prévoir une somme», indique le président d'Alta Précision, Guillermo Alonso Jr.