Une ligne orange Bombardier? Une ligne verte Cascades? Pas tout à fait, mais presque. La Société de transport de Montréal (STM) lancera d'ici Noël un appel d'offres pour faire commanditer les quatre lignes de son réseau souterrain.

Son directeur général, Yves Devin, a confirmé hier que le transporteur public va bientôt nouer des partenariats avec différentes entreprises pour augmenter ses revenus. Mais il précise d'emblée qu'il n'est pas question de changer le nom des lignes et des stations, pas plus que de tapisser les stations de réclames publicitaires.

La STM a déjà lancé une invitation, accompagnée d'un cahier de charges, à une cinquantaine de sociétés établies au Québec. Toutes les entreprises seront invitées à participer au concours, qui sera lancé dans quelques semaines.

Yves Devin souhaite qu'une entreprise s'associe à chaque ligne de métro pour une période de 10 ans. Ces partenariats rapporteront des sommes «importantes» qui seront réinvesties dans le réseau. Combien exactement? Une firme externe a soumis une évaluation à Transgesco, le bras commercial de la STM, mais M. Devin refuse de la dévoiler.

«Ils nous ont donné une fourchette, a-t-il indiqué. Nous, ce qu'on s'est dit au conseil d'administration, c'est qu'on ne la rendra pas publique.»

Il souhaite ainsi ne pas influencer l'appel d'offres qu'il s'apprête à lancer.

Chose certaine, les quatre firmes que la STM va choisir devront respecter une série de critères. Elles devront entre autres se doter d'une politique de développement durable, et s'engager à faire la promotion du transport collectif auprès de leurs employés et de leur clientèle.

Pour choisir les gagnants, un groupe d'experts considérera en outre la somme offerte pour la commandite, les politiques vertes des entreprises, ainsi que le logo et les couleurs qui seront associés aux lignes.

Yves Devin ignore pour le moment quel sera l'impact précis des commandites sur l'apparence du métro. Il souhaite que les partenaires potentiels proposent des idées au groupe d'experts.

Chose certaine, promet-il, les partenariats seront «discrets». Les règles de l'appel d'offres imposeront des balises serrées aux annonceurs pour éviter que le réseau soit tapissé de publicités.

Par exemple, le nom des entreprises pourrait figurer sur la carte du réseau, par-dessus le nom des stations aux extrémités des lignes. Autre possibilité, des entreprises pourraient déployer des conteneurs de recyclage à leur effigie dans chaque station des lignes.

On est donc loin des craintes exprimées par le parti Projet Montréal, la deuxième opposition à l'hôtel de ville, estime le directeur général. La semaine dernière, le chef de la formation politique, Richard Bergeron, avait tourné en dérision les commandites du métro. Il avait produit un plan du réseau sur lequel la ligne orange était transformée en ligne rouge Rogers et la ligne verte en ligne Telus.

«On dit aux gens, ne vous énervez pas, a indiqué M. Devin. Si les entreprises veulent faire ce que M. Bergeron a soumis, le projet est fini, il n'y en aura pas.»

Des revenus à gonfler

La décision survient alors que le transporteur public souhaite doubler ses revenus publicitaires et commerciaux d'ici cinq ans. La STM a annoncé cette décision à la fin de l'été, après qu'une étude annuelle de l'Imperial College de Londres l'eut classée en queue de peloton des réseaux de métro du monde en la matière.

Elle a donc mandaté Trangesco pour trouver des solutions afin de faire passer la part de ses revenus ne provenant pas des ventes de billets et de laissez-passer mensuels de 2% à 4% de son budget annuel.

L'organisme est notamment sur le point de conclure une entente avec la firme Extenet pour déployer un système de téléphonie cellulaire dans l'ensemble du réseau souterrain d'ici trois ans. Cet investissement de 50 millions ne coûtera rien au transporteur public, puisque c'est l'entreprise qui paiera l'installation initiale. La STM percevra des redevances qui devraient atteindre 2 millions par année, selon des prévisions dévoilées l'été dernier.

La STM souhaite aussi forcer l'entreprise qui détient le monopole de l'affichage publicitaire dans les wagons, Métromédia Plus, à moderniser ses équipements. Elle pourra ainsi augmenter ses revenus publicitaires et les redevances perçues par la STM s'en trouveront augmentées à leur tour.