Les résultats des élections de mi-mandat vont forcer certains projets de trains rapides à prendre la voie de garage aux États-Unis, notamment au Wisconsin et en Ohio.

L'ambitieux train californien qui doit relier Sacramento, San Francisco, Los Angeles et San Diego pourra aller de l'avant. Mais le projet le plus avancé, le train qui doit relier Tampa à Orlando, en Floride, est à la croisée des chemins. Il pourrait encore se poursuivre, ou il pourrait s'arrêter pile dans un crissement de métal.

«C'est encore trop tôt pour savoir, a indiqué la porte-parole de Bombardier Transport aux États-Unis, Maryanne Roberts. Les nouveaux élus n'entreront en fonction qu'en janvier.»

Les élections de mi-mandat ont redonné la majorité aux républicains, généralement peu enclins aux vastes projets de trains à grande vitesse, à la Chambre des représentants. La situation n'est cependant pas nécessairement catastrophique, à en croire la National Association of Railroad Passengers (NARP).

Le directeur des communications de l'organisation, Sean Jeans-Gail, a noté que John Mica, républicain de la Floride, présidera probablement l'influent comité des transports et des infrastructures de la Chambre des représentants.

«C'est un partisan des trains à grande vitesse, bien qu'il ait des idées bien tranchées sur les endroits où on devrait établir ces projets, a indiqué M. Jeans-Gail. Il croit fermement qu'on devrait se concentrer sur le couloir du nord-est des États-Unis.»

Les résultats électoraux dans les États sont les plus intéressants. Le gouverneur élu de l'Ohio, John Kasich, républicain, a carrément déclaré que le transport ferroviaire de passagers ne faisait pas partie de l'avenir de son État. De son côté, le gouverneur élu du Wisconsin, Scott Walker, a promis d'annuler un projet de train rapide.

Mme Roberts a noté qu'il ne s'agissait pas vraiment de trains à grande vitesse, mais de trains plus rapides que les trains actuels. Elle a aussi souligné que le Wisconsin avait déjà choisi un fabricant de voitures de train, une filiale de la société espagnole Talgo.

Des États qui ont élu des gouverneurs démocrates partisans du train à grande vitesse, New York, l'Illinois et la Californie, ont immédiatement réclamé les sommes fédérales que l'Ohio et le Wisconsin devaient recevoir pour implanter leurs projets ferroviaires.

«New York veut miser sur la liaison Albany-Buffalo», a noté Mme Roberts.

Il ne s'agit pas non plus d'un véritable train à haute vitesse, mais la porte-parole de Bombardier Transport aux États-Unis a indiqué que l'entreprise pouvait offrir toute une gamme de produits, des trains conventionnels aux trains à très haute vitesse.

«Ce qui nous aide, c'est le fait d'avoir une usine de fabrication à Plattsburgh», a-t-elle déclaré.

La Californie planche sur un véritable projet de train à haute vitesse. Le gouvernement fédéral a déjà accordé 3,1 milliards US à l'État pour lancer les travaux. Bombardier pourrait cependant avoir une pente à remonter pour obtenir le contrat de fabrication du train: le nouveau chef de la direction de la California High-Speed Rail Authority est Roelof van Ark, qui, il y a moins de six mois, était encore président d'Alstom Transport pour l'Amérique du Nord. M. van Ark a également travaillé pendant plus de 20 ans chez Siemens.

«C'est une petite industrie, les gens bougent beaucoup, ils passent d'une entreprise à une autre, a expliqué Mme Roberts. Avec la grande expérience qu'il a, il sera objectif.»

Le plus grand point d'interrogation porte sur le projet de train à grande vitesse en Floride. Le gouverneur élu Rick Scott, républicain, n'a pas totalement fermé la porte, mais il s'est montré réticent à l'idée d'un financement étatique de l'exploitation et de la maintenance du train. La Floride a déjà reçu 1,25 milliard US du gouvernement fédéral pour lancer le projet.

«Je ne pense pas que Scott va rejeter ce projet, surtout lorsqu'il va réaliser qu'il ne pourra pas utiliser cette somme pour autre chose que le train, a avancé M. Jeans-Gail. Ce projet est un véritable créateur d'emplois.»