L'entreprise de partage de voitures Communauto veut prendre de l'expansion et elle compte sur un nouveau type d'automobile pour y parvenir: la vôtre.

Le processus aura été un peu plus long que prévu, mais la société lancera bientôt deux projets-pilotes qui permettront à ses membres d'emprunter des voitures appartenant à des particuliers. Le programme devait être mis en branle à la fin de l'été, mais il sera finalement testé d'ici la fin de l'année dans les secteurs de Rosemont à Montréal et de Sainte-Foy à Québec.

«L'idée, c'est que beaucoup de voitures sont sur la route, mais dorment dans les stationnements, explique le PDG de Communauto, Benoît Robert. Ce projet, c'est une façon de permettre aux gens de mieux rentabiliser leur voiture et de le faire d'une façon utile socialement.»

Les propriétaires qui participent au projet pourront s'enregistrer en ligne et fournir les plages horaires où leur voiture est disponible. Les membres du service pourront la prendre dans l'entrée de garage, et la rendre 12 heures plus tard.

Les membres seront facturés de la même manière qu'ils le sont avec les 1100 voitures du parc de l'entreprise. Quant aux propriétaires, ils recevront une somme d'environ 20$, en plus d'une prime pour chaque kilomètre parcouru. Pendant la période d'emprunt, la voiture sera assurée par Communauto.

En banlieue

Si le test s'avère concluant, Communauto étendra le service dans l'ensemble de son réseau. À terme, la formule pourrait lui permettre de s'étendre en banlieue, où elle n'a pas une masse d'utilisateurs assez importante pour rentabiliser des stations équipées de voitures.

Communauto achète toutes ses voitures et loue des places de stationnement pour les garer. Hors des quartiers les plus densément peuplés, l'entreprise peut difficilement exploiter des stations. Le recours aux voitures des particuliers lui permettra d'étendre son service sans dépenser des dizaines de milliers de dollars pour acheter de nouvelles voitures.

«Ce service va nous permettre d'augmenter notre offre sans qu'on ait obligatoirement à rentabiliser chacun des véhicules qu'on a», résume Benoît Robert.

Le PDG souhaitait lancer un tel projet depuis 10 ans. Mais il s'en était toujours abstenu, parce qu'il n'existe aucune technologie permettant de mesurer précisément la durée de la location d'une voiture. Le reste du parc de Communauto fonctionne avec un système de coupons qui ne peut être implanté avec des véhicules de particuliers. Pour contourner le problème, les véhicules ne pourront être loués que pour des blocs de 12 heures.

Assurance

L'implantation du projet-pilote devait avoir lieu à la fin de l'été, mais elle a été retardée de quelques mois en raison de la complexité du programme. L'entreprise tente en outre de régler l'épineuse question de l'assurance. Elle est partenaire de La Capitale pour la couverture des voitures de son parc, mais qu'en est-il des véhicules privés qui seront mis à la disposition des membres?

«L'enjeu, c'est ce qu'on fait avec les gens qui ne sont pas assurés avec La Capitale, résume Benoît Robert. Est-ce que La Capitale leur déroule le tapis rouge pour les attirer, eux, ou est-ce qu'elle complète leur contrat avec une forme d'assurance parapluie qui fera que le conducteur ne sera pas pénalisé?»

Communauto et son assureur doivent se rencontrer d'ici la fin du mois pour accoucher d'une solution. Entre-temps, seuls les propriétaires de voitures qui sont assurés avec La Capitale pourront participer au projet-pilote.

Autre barrière à l'entrée au programme, ceux qui ont loué leur voiture au lieu de l'acheter pourraient être exclus, puisque les contrats de location comportent généralement des clauses qui interdisent l'utilisation des véhicules à des fins lucratives.