Après une année noire en 2009, le voyage d'affaires a repris des couleurs cette année, mais le luxe d'antan n'est pas revenu pour autant car la crise a modifié durablement la manière de voyager des entreprises, selon les professionnels interrogés par l'AFP.

«Il y a un reprise indéniable mais pas partout dans le monde et dans les mêmes proportions», explique Michel Dieleman, président de l'Association française des Travel Managers (AFTM), qui regroupe les chargés de voyages des grandes entreprises.

En 2009, la chute dans ce secteur avait atteint 20%.

Début septembre, Charles Petruccelli, le patron de la branche voyages d'affaires d'American express, avait souligné la reprise plus modérée du volume de transactions de l'Europe (+9%) par rapport aux 35% de l'Asie ou de l'Amérique Latine et des 15% américains. La France affichait un maigre +3%.

Même si pour beaucoup il faudra attendre 2011 pour revenir aux niveaux d'avant-crise, la reprise est là. 56% des voyageurs d'affaires estiment que la crise est «stabilisée, on en voit le bout», selon le nouveau baromètre de Mondial Assistance et du site spécialisé DéplacementsPros publié mercredi lors du salon professionnel du tourisme IFTM-Top Resa à Paris.

24% pensent que «la crise est quasiment finie» contre 10% à penser qu'elle est «encore là».

Les signes d'amélioration se multiplient de l'hôtellerie, où les prix ont arrêté de baisser selon de récentes études, au transport aérien.

Les passagers en première ou en classe affaires ont progressé de près de 14% en juillet (par rapport à juillet 2009), selon l'association internationale du transport aérien (IATA) contre +8,8% pour la classe économique.

Les professionnels «recommencent à voyager, à prendre le train», a affirmé sur le salon Barbara Dalibard, directrice générale de SNCF voyages. Même le trafic première classe, en baisse en 2009, s'est stabilisé en mars et a donné des signes de reprise depuis, selon elle.

«Si on est en sortie de crise, on n'est pas revenu pour autant à la situation antérieure», tempère Jean-Pierre Mas, co-président du réseau d'agences AS Voyages (1.200 adhérents).

Les déplacements professionnels à tout va, dans les grands hôtels et en classe affaires n'ont pas retrouvé la cote, «sauf pour le top management», persifle un spécialiste.

Tant pis pour les voyageurs d'affaires qui se plaignent à 69% dans l'étude que la crise les a fait «bien moins bien voyager qu'avant» pour cause d'économies dans les classes d'avion ou d'hôtel.

Selon le baromètre également, les voyages d'un jour, économes en hôtellerie, représenteraient aujourd'hui entre 23% et 25% du volume des voyages d'affaires.

«Ces habitudes vont perdurer», prédisent les professionnels. «Les entreprises sont toujours dans la recherche du prix le plus bas au détriment du confort», explique Jean-Pierre Mas. «Avant, on répondait à un besoin de déplacement. Aujourd'hui, on répond à un besoin de déplacement et d'économies», résume-t-il.

«Les visioconférences, qui se sont multipliées pendant la crise, vont continuer de se développer grâce aux nouvelles technologies», assure Michel Dieleman. Mais, ajoute-t-il, «le face-à-face restera irremplaçable pour signer un contrat ou pour négocier».

Les voyageurs d'affaires sont en tout cas l'objet de multiples attentions. Air France comme la SNCF viennent d'annoncer de nouvelles offres les ciblant.

Même le tour-opérateur généraliste Fram a lancé à l'occasion de IFTM-Top Résa «Framissima affaires», avec site internet et catalogue dédiés pour attirer séminaires et autres conventions. Cette activité ne représente actuellement que 4% de son chiffre d'affaires.