Le patron de Ryanair, Michael O'Leary, jamais à court d'idées provocatrices, envisage de supprimer les copilotes à bord des appareils de sa compagnie, estimant que les systèmes de pilotage automatique les rendaient inutiles.

Dans un entretien publié jeudi par le Financial Times, M. O'Leary, connu pour ses propositions iconoclastes rarement suivies d'effets, a affirmé qu'il allait écrire aux autorités de l'aviation civile pour leur demander la permission de n'employer qu'un seul pilote par vol.

Selon lui, les copilotes ne sont plus vraiment indispensables dans les avions modernes, du moins lors des vols courts (Ryanair n'effectue aucune liaison long-courrier), durant lesquels «c'est l'ordinateur qui fait presque tout le travail».

«Cela permettrait à l'ensemble du secteur d'économiser une fortune», a-t-il plaidé.

M. O'Leary a assuré qu'avec les progrès des systèmes de pilotage automatique, le seul vrai rôle des copilotes était de prendre les commandes en cas de malaise du pilote, et qu'une hôtesse ou un steward dûment formé pourrait très bien s'en charger. Il a ajouté que ce type d'incident était de toute manière rarissime.

«En 25 ans et avec plus de 10 millions de vols, nous n'avons eu qu'un seul cas de pilote ayant souffert d'une crise cardiaque en plein vol, et il a fait tout de même atterrir l'avion», a lancé le patron de la compagnie à bas coût irlandaise.

Le patron de Ryanair est connu pour sa recherche d'économies à tout prix et ses provocations, soupçonnées de n'être que des coups de pub assurant d'énormes retombées médiatiques à sa compagnie. Il a ainsi proposé successivement ces dernières années de faire voler des passagers presque debout pour gagner de la place, de faire payer l'usage des toilettes en vol, ou encore de surtaxer les passagers obèses.

Face aux critiques générées par ces propositions, la compagnie irlandaise peut cependant se targuer de son succès grandissant auprès du public: elle a transporté 7,68 millions de passagers en août, un nouveau record pour une compagnie européenne.

Dans le même entretien, M. O'Leary a relancé l'hypothèse d'une méga-commande d'avions à Boeing ou Airbus, afin d'assouvir la soif d'expansion de sa compagnie.

Celle-ci avait pourtant renoncé l'an dernier à commander 200 nouveaux Boeing, faute de s'être entendue sur le prix avec le constructeur américain. Dans la foulée, elle avait décidé de payer pour la première fois un dividende de 500 millions d'euros à ses actionnaires, avec l'argent ainsi économisé. Ce dividende sera versé en octobre.

M. O'Leary a expliqué au journal que la question du paiement d'un second dividende en 2013 pouvait se poser, car la compagnie va accumuler d'ici là d'importantes liquidités. Mais il ajouté avoir prévenu cet été Airbus et Boeing que Ryanair pourrait aussi acheter «200 à 300» avions avec ses futures liquidités, à condition de négocier un bon prix.

«Si nous ne finançons pas d'acquisition ou ne commandons pas d'avions, nous réfléchirons certainement à payer un second dividende avant la fin de l'année 2013. Mais si j'étais un actionnaire, je ne compterais pas dès maintenant sur cela», a-t-il déclaré.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole d'Airbus a affirmé que l'avionneur européen «ne projette pas de faire des affaires avec Ryanair».