Amener les émissions de gaz à effet de serre à zéro d'ici 10 ans: c'est l'objectif de Bombardier, qui compte en profiter au passage pour augmenter sa profitabilité.

Le constructeur de trains et d'avions a profité de la Conférence de Montréal pour annoncer qu'il voulait faire sa part pour la lutte contre les changements climatiques.

«Notre objectif est clair: avoir des opérations carboneutres d'ici 2020», a dit Daniel Desjardins, vice-président principal, affaires juridiques et secrétaire adjoint de Bombardier.

Les 69 usines de Bombardier réparties dans 29 pays émettent aujourd'hui l'équivalent de 406 000 tonnes de gaz carbonique dans l'atmosphère. Pour ramener le bilan à zéro, le géant québécois compte réduire sa consommation d'énergie, maximiser l'usage des énergies renouvelables et acheter des crédits de carbone pour compenser les émissions restantes.

«Nous allons faire ça dans un contexte de profitabilité», a assuré M. Desjardins.

Personne n'oblige pourtant l'entreprise à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Bombardier fait des affaires dans deux pays qui réglementent les émissions des entreprises, l'Angleterre et l'Allemagne. Mais dans les deux cas, Bombardier n'est pas assujettie au règlement parce qu'elle n'émet pas assez de GES.

«Si on veut motiver les gens, il faut se donner des objectifs emballants», a indiqué M. Desjardins pour expliquer l'idée de devenir carboneutre.

Il faut dire que Bombardier a déjà goûté aux avantages de la réduction de son empreinte environnementale.

Au cours des cinq dernières années, l'entreprise a réduit sa consommation d'eau de 35% et sa consommation d'énergie de 17,5%. L'entreprise a produit 11% moins de déchets et sabré ses émissions de GES de 10%.

«Il faut réaliser que pendant ce temps, notre production manufacturière a augmenté de façon significative, a souligné M. Desjardins. Nos revenus sont passés de 15 milliards à tout près de 20 milliards.»

Impossible de savoir combien toutes ces mesures ont coûté. Mais Bombardier affirme avoir réduit sa facture d'énergie «d'au moins 20 millions par année depuis cinq ans».

«Il y a un double bénéfice, a dit M. Desjardins. Il y a cette énergie que vous épargnez, mais aussi l'énergie que vous auriez consommée à cause de l'augmentation de la production que vous ne consommez pas. Il aurait fallu payer pour ça aussi! Le développement durable est rentable», a-t-il soutenu.

Des millions en crédits?

Bombardier vise à réduire sa consommation d'énergie et ses émissions de GES de 10% supplémentaires d'ici 2015. L'entreprise fait aussi actuellement l'inventaire des sources d'énergie renouvelable offertes dans les différents pays où elle est établie.

Notons que Bombarder tire aujourd'hui 29% de son énergie de sources renouvelables, «en grande partie grâce à l'hydroélectricité du Québec», a dit M. Desjardins.

Bombardier refuse de spéculer sur la somme qu'il faudra débourser pour acheter les crédits de carbone nécessaires pour compenser les émissions qu'elle n'aura pu éviter.

«On va travailler très fort sur notre consommation d'énergie, c'est là où on a le plus grand rendement de l'investissement. L'achat de crédits sera un peu la solution de dernier recours parce que c'est la moins intéressante économiquement. Si on doit se rendre à l'achat de crédits dans les dernières années, on le regardera à ce moment», a dit M. Desjardins.

Tout indique cependant que Bombardier pourrait devoir débourser des millions de dollars par année en crédits pour devenir carboneutre.

En considérant que l'entreprise remplisse son objectif de réduction de 10% d'ici 2015, puis qu'elle conserve le même rythme pour les cinq années subséquentes, l'entreprise émettra toujours plus de 300 000 tonnes de CO2 dans l'atmosphère en 2020.

Bombardier achète déjà quelques crédits sur le marché volontaire pour compenser les émissions produites lors de rassemblements comme son assemblée annuelle. Elle dit payer de 20 à 35$ la tonne pour ces crédits. En considérant un prix moyen exactement entre ces deux chiffres, un calcul rapide montre que Bombardier pourrait donc payer plus de 9 millions de dollars par année pour compenser ses émissions résiduelles.