La Société de transport de Montréal (STM) a toujours voulu un appel d'offres en bonne et due forme pour remplacer les voitures du métro de Montréal. C'est le gouvernement du Québec qui l'a forcée à négocier de gré à gré avec Bombardier. Ce qui a déclenché l'interminable saga actuelle.

C'est ce que la STM indique à ses employés dans une note qu'elle a fait circuler mercredi et que La Presse Affaires a obtenue.

Dans ce document de deux pages, la société, visiblement impatiente, cherche à expliquer les délais qui continuent à caractériser ce dossier en commençant par le tout début de ce feuilleton, en mai 2006.

«Alors que la STM préparait la mise en place d'un bureau de projet pour remplacer ses voitures dans le cadre d'un appel d'offres international, le gouvernement du Québec, convaincu d'être en présence d'un contexte particulier où il n'y a qu'un fournisseur unique, demande à la STM de négocier de gré à gré avec Bombardier», écrit la société.

La STM rappelle qu'Alstom a contesté cette négociation de gré à gré devant la Cour supérieure. «En janvier 2008, le tribunal rend sa décision et déclare que la STM doit procéder par appel d'offres international, comme elle souhaitait le faire dès le début.»

Le ministre du Développement économique de l'époque, Claude Béchard, a lui-même reconnu récemment que la STM désirait procéder par appel d'offres.

«Dès le début, tous les acteurs au dossier étaient d'accord, a déclaré M. Béchard dans une entrevue récente. Mais la STM avait des doutes. Dès que tout ce dossier a débuté, la STM a toujours voulu aller en appel d'offres international.»

M. Béchard, qui compte l'usine de La Pocatière de Bombardier dans sa circonscription, avait déclaré dès juillet 2005 qu'il favorisait l'octroi du contrat à Bombardier de gré à gré.

Dans sa note, la Société de transport de Montréal rappelle également que la proposition initiale déposée par le consortium Bombardier-Alstom était non conforme.

«Non seulement cette dernière n'est pas recevable, mais, en plus, le prix des voitures est de 50% plus élevé que la moyenne du marché», note la société.

La responsable des affaires publiques de la STM, Odile Paradis, a toutefois soutenu que la note ne visait pas à rejeter la faute sur les uns ou sur les autres.

«Il s'agissait de montrer la chronologie des faits, de remettre les pendules à l'heure, a-t-elle affirmé. Il ne s'agissait pas de dire: voilà, on avait raison.»

La STM indique que seul le gouvernement a maintenant le pouvoir d'attribuer le fameux contrat sans appel d'offres.

Selon Mme Paradis, cela ne veut pas dire que la STM réclame cette intervention du gouvernement.

«Ce que nous avons toujours dit au gouvernement, c'est que, peu importe la décision que vous allez prendre, nous allons vous soutenir», a-t-elle déclaré.