Ce n'est pas seulement l'usine de Bombardier Transport à La Pocatière qui fera les frais de nouveaux délais dans le remplacement des voitures du métro de Montréal. C'est toute l'économie de la province.

C'est le message qu'a martelé le président de Bombardier Transport, André Navarri, lorsqu'il a rencontré les journalistes à l'issue de l'assemblée annuelle des actionnaires de Bombardier hier.

Le besoin, c'est maintenant

«C'est maintenant que l'économie ne va pas bien, c'est maintenant que nous avons besoin de ça», a-t-il lancé.

Selon une étude préparée par Les Conseillers ADEC Inc. à la demande du consortium Bombardier-Alstom, le projet présenté par celui-ci permettrait de créer ou maintenir 11 945 emplois au Canada, dont 9420 au Québec. Plus spécifiquement, on parle de 3749 emplois directs chez Bombardier et Alstom, 5867 emplois indirects chez les fournisseurs et 2329 emplois induits dans le reste de l'économie.

La firme espagnole Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles (CAF) n'a pas participé à l'appel d'offres initial lancé par la Société de transport de Montréal (STM) pour remplacer ses 336 voitures MR-63. Elle a toutefois manifesté son intérêt lorsque le contrat a été modifié pour englober le remplacement des 423 voitures MR-73 de la STM et une option pour 288 voitures de plus.

Si la STM juge la candidature de CAF conforme, elle devra lancer un nouvel appel d'offres, ce qui pourrait retarder de 18 à 24 mois tout le processus de remplacement des voitures.

M. Navarri a indiqué hier que Bombardier Transport avait besoin de ce contrat pour maintenir les effectifs de son usine de La Pocatière et de son centre d'ingénierie de Saint-Bruno aux niveaux actuels.

«Cela fait 40 ans que Bombardier investit à La Pocatière et à Saint-Bruno, essentiellement pour exporter aux États-Unis, a rappelé M. Navarri. Maintenant qu'il y a un ralentissement économique aux États-Unis, nous avons besoin d'un contrat au Québec. Il y en a un, nous avons eu une entente à ce sujet, et maintenant, nous avons de la difficulté à comprendre pourquoi nous ne pouvons pas commencer.»

Recours aux tribunaux

Bombardier et Alstom soutiennent que CAF ne respecte pas les critères de l'appel d'offres initial et qu'il ne devrait donc pas y avoir de nouvel appel d'offres. Devant le mutisme de la STM, le consortium a décidé de recourir aux tribunaux pour contrer un nouveau processus.

«Un retard de 18 à 24 mois, ça veut dire des emplois qui risquent de disparaître à Saint-Bruno, à La Pocatière, chez les fournisseurs, a lancé M. Navarri. Pendant ce temps, les voitures continueront à prendre de l'âge, les coûts de maintenance augmenteront pour la STM. C'est une occasion manquée. Je ne sais pas qui gagne dans cette affaire.»

Il ne croit pas que le Québec bénéficierait de la présence d'un deuxième manufacturier ferroviaire dans la province, advenant une victoire de CAF dans un nouvel appel d'offres.

«Après les projets actuels à Toronto et Montréal, il n'y a pas de grandes opportunités au Canada, a-t-il expliqué. On se retrouverait avec trop d'usines, personne ne pourrait vivre raisonnablement et le pays perdrait sa compétitivité à l'étranger.»

Revenus stables

Bombardier Transport a par ailleurs bien tiré son épingle du jeu au premier trimestre avec des revenus très semblables à ceux du premier trimestre de l'exercice précédent, soit 2,3 milliards US. La marge du bénéfice avant intérêts et impôts (BAII) a toutefois grimpé de 5,6 à 5,8%, grâce à une meilleure exécution des contrats.

Bombardier Aéronautique a connu un premier trimestre plus difficile, avec des revenus de 1,9 milliard US, comparativement à 2,2 milliards US pour la même période à l'exercice précédent. La marge du BAII a glissé de 5% à 4,6%.

Pour l'ensemble de Bombardier, les revenus ont diminué de 6,6% pour se fixer à 4,2 milliards US. Le bénéfice net a baissé de 3,2%, passant de 158 millions à 153 millions US. Par action, le bénéfice net a diminué de 9 à 8 cents, ce qui est quand même supérieur au bénéfice net de 7 cents pas action que les analystes attendaient.

«La principale surprise est venue du côté de la marge de Bombardier Aéronautique, a écrit David Tyerman, de la firme Canaccord Genuity. Nous avions estimé une marge de 2%.»

Le marché a bien réagi: l'action de catégorie B de Bombardier a gagné 4,8% pour clôturer à 4,82$ hier, à la Bourse de Toronto.

 

DES RÉSULTATS CONFORMES AUX ATTENTES

1er trimestre terminé le 30 avril

(variation annuelle)

REVENUS

4,2 milliards US

(-6.7%)

BÉNÉFICE NET

153 millions US

(-3,2%)

BÉNÉFICE PAR ACTION

0,08$

(-0,01$)