Après avoir vu son carnet de commandes fondre comme neige au soleil, Bombardier Aéronautique (T.BBD.B) a résolu de mieux analyser la situation financière de ses clients avant d'enregistrer leurs commandes.

«Nous regardons de plus près maintenant dans quel contrat nous nous embarquons, la stabilité financière de nos clients, ce qu'ils ont comme futur, a indiqué le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, après avoir prononcé une allocution devant la chambre de commerce du Montréal métropolitain, hier. Nous regardons leur plan d'affaires de très près, nous regardons quelles sont leurs sources de financement, ce qu'ils ont comme capitaux.»

Au pire de la crise, le nombre d'annulations a surpassé le nombre de nouvelles commandes chez Bombardier Aéronautique. En août dernier, l'avionneur a notamment dû retirer de son carnet une commande ferme pour 25 biréacteurs d'affaires Learjet 60 XR, assortie d'options pour 85 appareils additionnels.

Avec les options, ce contrat avait une valeur de 1,5 milliard US. Le client, Jet Republic, entendait offrir ces appareils en multipropriété. L'entreprise européenne a cependant dû suspendre ses activités en raison de difficultés financières.

«Nous aurions probablement pu faire un peu mieux pour gérer les risques liés à nos clients, pour comprendre un peu mieux la solidité de notre carnet de commandes, a admis M.Hachey devant les journalistes. Nous allons faire plus attention à l'avenir, nous allons regarder de plus près les commandes que nous considérons.»

Il a toutefois tenu à souligner que Bombardier avait quand même traversé la récession en demeurant profitable et en maintenant de solides liquidités.

«Il y a des leçons à tirer de la crise, a déclaré M.Hachey dans son allocution. Nous n'avons pas fait de mauvais placements, nous avons toujours géré avec rigueur, nous avons toujours pris des risques calculés, mais nous avons été entraînés dans la crise parce que nos clients ont été affectés par la chute des marchés. Nous allons mieux prévenir les risques et améliorer les analyses économiques de nos marchés clés.»

Cadence de production

Par ailleurs, Bombardier Aéronautique attendra encore quelques semaines, et peut-être même quelques mois, avant de décider si elle devra réduire la cadence de production des biréacteurs régionaux CRJ à Mirabel. Elle devait prendre cette décision ces jours-ci.

M.Hachey a expliqué que Bombardier avait reçu récemment une commande du transporteur Plunas Lineas Aéreas Uruguays pour trois biréacteurs CRJ900, assortie d'options pour six appareils supplémentaires.

«Ça va dans la bonne direction, a déclaré le grand patron de Bombardier Aéronautique. Nous avons quelques autres opportunités présentement, auxquelles nous travaillons très fort. Si nous attendons avant de prendre une décision sur la cadence de production, c'est bon signe. Mais c'est sûr qu'il faut gagner d'autres commandes.»

M.Hachey a déclaré que le mouvement de consolidation dans l'industrie du transport aérien aux États-Unis, et notamment la fusion annoncée entre United Airlines et Continental Airlines, constituait une bonne chose pour Bombardier à long terme.

«Mais à court terme, ça retarde les décisions de ces compagnies-là», a-t-il indiqué.

United Airlines a déjà fait savoir qu'elle s'intéressait à la CSeries, la nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places de Bombardier.

M.Hachey a d'ailleurs affirmé que de nouvelles commandes pour la CSeries n'étaient pas imminentes.

«Nous parlons avec environ 60 clients, nous avons des perspectives à plus court terme avec quatre ou cinq d'entre eux, a-t-il déclaré aux journalistes. Vous verrez dans les semaines, les mois à venir, les résultats de ces discussions.»