Le consortium Bombardier-Alstom veut faire dérailler le processus qui pourrait mener à un nouvel appel d'offres pour le remplacement des voitures du métro de Montréal.

Bombardier Transport et Alstom ont déposé une requête à la Cour supérieure du Québec hier pour faire annuler l'avis international que la Société de transport de Montréal (STM) avait émis en janvier dernier pour voir si d'autres entreprises étaient intéressées au contrat.

«Nous trouvons regrettable d'avoir à faire cette démarche, mais, de façon responsable, il faut faire valoir nos droits», a déclaré la vice-présidente au développement des affaires de Bombardier Transport, Ann MacDonald, dans une entrevue avec La Presse Affaires.

Le consortium Bombardier-Alstom avait été le seul groupe à répondre à un premier appel d'offres pour le remplacement des 336 voitures MR-63 du métro de Montréal, mais sa soumission n'était pas conforme. La STM avait alors obtenu une autorisation du ministère des Affaires municipales pour entamer des négociations de gré à gré avec le consortium, tel que permis par la Loi sur les sociétés de transport en commun.

Cette autorisation comprenait cependant quelques conditions: la STM devait publier un avis international en cas de changement substantiel au contrat. Toute entreprise ayant la capacité technique et financière requise en vertu de l'appel d'offres avait 30 jours pour faire connaître son intérêt et ainsi déclencher un nouvel appel d'offres.

Le contrat a effectivement subi un changement substantiel, puisqu'il portera également sur le remplacement des 423 voitures MR-73 et qu'il sera assorti d'une option pour 288 voitures additionnelles.

Le 22 janvier dernier, la STM a publié un avis international qui a immédiatement déplu au consortium Bombardier-Alstom.

«Nous n'avons pas de problèmes avec le processus comme tel, il y a eu un changement substantiel au contrat, a déclaré Mme MacDonald. Mais nous avons un problème avec le fait que l'avis ne colle pas à l'appel d'offres.»

L'avis international indique simplement que les entreprises intéressées doivent démontrer leur capacité financière et technique à réaliser le projet. Il ne fait pas référence aux critères sévères énumérés dans l'appel d'offres initial.

Bombardier-Alstom a immédiatement écrit une lettre à la STM pour savoir si celle-ci suivra effectivement les critères de l'appel d'offres. Elle n'a pas obtenu satisfaction et a écrit à trois autres reprises au cours des mois suivants, toujours sans succès.

«Nous n'avions plus le choix», a affirmé Mme MacDonald, pour expliquer la décision de se présenter devant les tribunaux.

La firme Hatch Mott MacDonald est sur le point de remettre à la STM un rapport sur les capacités de la firme espagnole CAF (Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles), intéressée au contrat.

Or, le consortium Bombardier-Alstom estime que CAF ne respecte pas les critères sévères de l'appel d'offres initial. Selon ces critères, les manufacturiers intéressés doivent avoir fabriqué des voitures de métro qui roulent depuis au moins cinq ans. Or, le seul métro qu'a entièrement fabriqué CAF ne roule que depuis novembre dernier.

Bombardier-Alstom croit également que CAF est incapable de livrer une première rame 32 mois après l'attribution du contrat.

CAF n'a pas voulu commenter la dernière initiative du consortium Bombardier-Alstom.

«Chez CAF, on souhaite développer une bonne relation d'affaires avec la STM», a simplement déclaré le porte-parole de CAF à Montréal, Philippe Roy.

De son côté, la STM a fait savoir qu'elle était en désaccord avec les prétentions de Bombardier-Alstom.

«Nous avons suivi rigoureusement le processus, nous avons travaillé en concertation avec le gouvernement du Québec, qui va financer à 75% les nouvelles voitures», a affirmé la porte-parole de la STM, Odile Paradis.

Elle a déploré les nouveaux délais qui pourraient se présenter pour le remplacement des voitures de métro.

«Nous avons demandé à nos avocats de prendre tous les moyens nécessaires pour accélérer les procédures», a-t-elle déclaré.