Via Rail veut faire monter à bord les autres modes de transport.

«De plus en plus, il va falloir établir des partenariats avec d'autres transporteurs et d'autres acteurs dans ce domaine, qu'il s'agisse d'acteurs touristiques ou autres, a déclaré le nouveau président de VIA Rail, Marc Laliberté, au cours d'une entrevue avec La Presse Affaires. Dans le monde actuel, il faut s'associer, il faut faire des partenariats là où c'est logique. C'est l'avenir.»

Il s'agirait notamment de favoriser l'intermodalité avec les services de transport régionaux par autocar ou les services de transport municipaux. Mais il s'agirait aussi de créer des forfaits pour les visiteurs.

«Par exemple, des Australiens transportés par Air Canada à Vancouver pourraient découvrir le Canada et les Rocheuses avec une expérience de train entre Vancouver et Toronto», indique M. Laliberté.

VIA Rail a notamment commencé à discuter de divers projets potentiels avec des intervenants de la Gaspésie. La société pourrait s'entendre avec des compagnies de croisière, des hôtels, des spas, des festivals.

«Nous pourrions jouer un rôle, déclare M. Laliberté. Le partenariat, c'est aussi avec les régions.»

Il indique toutefois que VIA Rail doit se faire attrayante pour attirer des partenaires.

«À partir du moment où les gens reconnaissent que nous sommes efficaces, nous pourrons facilement nous associer et offrir de meilleurs produits.»

L'année 2009 a été plutôt difficile pour VIA Rail. Ses revenus ont diminué de 8 % pour s'établir à 265 millions de dollars. L'année 2008 avait constitué un record avec des revenus de 299 millions.

«Nous avons subi la récession, explique M. Laliberté. L'objectif est maintenant de revenir le plus rapidement possible aux revenus de 2008. Nous voyons une tendance à la hausse, nous espérons que ça va se poursuivre, mais la sortie de récession se fait lentement.»

Il ne croit pas que VIA pourra passer le cap des 300 millions de dollars de revenus en 2010, mais qu'elle pourra y arriver au cours du présent plan quinquennal. Surtout grâce au programme d'investissement de 923 millions de dollars du gouvernement fédéral.

VIA Rail a commencé à moderniser ses locomotives afin de les rendre plus efficaces, un projet de 120 millions. Les voitures LRC subissent également une véritable cure de rajeunissement, un autre projet d'environ 120 millions. Les améliorations aux infrastructures dans le triangle Montréal-Ottawa-Toronto nécessitent de leur côté une somme de 475 millions.

Le reste de l'investissement sera consacré à divers projets d'amélioration technologique, de signalisation et de rénovation des installations dans des gares.

Ces projets devraient promettre d'améliorer le service, et notamment la fréquence et la fiabilité des trains. Mais M. Laliberté souligne que Via n'attend pas les résultats de ce programme pour améliorer dès maintenant le service. La société a notamment modifié les heures de départ de la liaison Québec - Montréal pour permettre aux voyageurs d'arriver à leur destination à temps pour participer aux réunions d'affaires de 9h du matin. Elle a également raccourci le temps de parcours en accordant une priorité à certains trains et en réduisant le temps d'attente aux gares.

«Toutes ces petites choses comptent quand on les additionne», affirme le grand patron de Via Rail.

Il y a déjà une amélioration sur le plan de la ponctualité: les trains de Via Rail ont été à temps dans 83% des cas en 2009, comparativement à 75% en 2008.

Par ailleurs, M. Laliberté ne semble pas vouloir retenir son souffle en attendant l'avènement d'un train à grande vitesse dans le couloir Québec-Windsor.

«La décision appartient à l'actionnaire», a-t-il déclaré.

Il y a plus de deux ans, le Québec, l'Ontario et le gouvernement fédéral se sont entendus pour commander une énième étude sur la faisabilité d'un tel train. Le rapport, qui devait être déposé au mois de février, devrait maintenant être rendu public en juin prochain.