Bombardier Aéronautique (T.BBD.B) a ouvert la voie à un décollage de la CSeries en Chine en concluant un protocole d'entente avec une société de financement chinoise.

CDB Leasing Co (CLC), une des principales sociétés de crédit-bail en Chine, pourra fournir à des clients de la CSeries et d'autres appareils commerciaux de Bombardier des capitaux pouvant totaliser 3,85 milliards US.

Ces capitaux pourront prendre la forme de financement de paiement prélivraison, de financement à la livraison et de crédit-bail.

«Les ressources financières de CLC renforcent la position concurrentielle de Bombardier, lui permettant de recommander des solutions de financement et de crédit-bail à des clients potentiels en Chine et ailleurs dans le monde», a fait savoir le président de Bombardier Avions commerciaux, Gary Scott, dans un communiqué publié hier.

Les analystes ont accueilli positivement ce développement.

«Cela ouvre la voie à des commandes pour la CSeries en Chine, écrit Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, dans un rapport d'analyse. Bombardier aimerait avoir un client de lancement dans chaque grande région mondiale, et elle serait en négociations avec plusieurs transporteurs chinois.»

Les médias ont notamment mentionné les noms de China Southern et de Shanghai Airlines, mais Bombardier n'a pas confirmé la tenue de discussions avec ces transporteurs.

«La CSeries est particulièrement appropriée pour le marché chinois en raison de sa taille, de son rayon d'action et de ses capacités à desservir des aéroports situés en haute altitude et dans des régions très chaudes», note pour sa part David Newman, de la Financière Banque Nationale.

Il ajoute que des ententes de coopération stratégique et un contenu local sont essentiels pour assurer le succès d'un appareil en Chine.

Usine en Chine

Bombardier a confié à une société chinoise, Shenyang Aircraft Corporation (SAC), le soin de fabriquer le fuselage de la CSeries, sa nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places. SAC et Bombardier ont d'ailleurs célébré, jeudi dernier, la pose de la première pierre de l'usine de fabrication du fuselage de SAC à Shenyang. M. Poirier ne s'attend toutefois pas à une commande chinoise pour la CSeries dans l'immédiat.

«En 2010, l'administration de l'aviation civile en Chine semble davantage intéressée à faire l'acquisition de gros porteurs et d'appareils régionaux, indique-t-il. À court terme, il est plus probable de voir une commande provenant du Moyen-Orient, surtout étant donné l'intérêt de Qatar Airways.»

M. Newman note que l'entente avec CLC pourrait permettre le financement d'autres types d'appareils commerciaux de Bombardier, soit des turbopropulseurs Q400 et des biréacteurs régionaux CRJ.

«Alors que le Q400 demeure un appareil populaire, des commandes pour des CRJ, et notamment le CRJ1000, seraient les bienvenues, écrit-il. Les problèmes de logiciel qui ont retardé les essais du CRJ1000 sont maintenant réglés, ce qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles commandes.»

Benoît Poirier note que CLC a conclu une entente semblable avec Embraer en décembre dernier, portant sur des capitaux de 2,2 milliards US au cours des trois prochaines années. Le communiqué de presse de l'avionneur brésilien mentionnait que CLC pourrait considérer l'achat d'appareils d'Embraer pour les louer. Le communiqué de Bombardier publié hier ne mentionnait pas une telle possibilité.

«Dans le cadre de cette entente, la location est une solution viable, a toutefois déclaré le porte-parole de Bombardier Avions commerciaux, John Arnone. Tout est possible.»

M. Poirier souligne que l'entente conclue entre Embraer et CLC n'a toujours pas été suivie de commandes.

Bombardier communiquera demain ses résultats pour le quatrième trimestre et l'ensemble de l'année financière. Les analystes s'attendent à des ventes de 5,3 milliards US et à un bénéfice de 11 cents US par action. Hier, l'action a grimpé de 11 cents (+1,8%), à 6,11$, à Toronto.